Le People de la Semaine

Les Peoples de la Semaine, cette semaine 3 pour le prix d’un : Yves Jamait, Hubert-Félix Thiéfaine et Pierre Perret.

jamait-thiefaine-perretAu retour du Festival Alors… Chante ! qui s’est tenu au début du mois à Castelsarrasin, nous vous rapportons 3 interviews confidences de 3 “vedettes” de la chanson française, amoureux des mots et de l’expression dans trois registres différents, Yves Jamait, Hubert-Félix Thiéfaine et Pierre Perret. Des anecdotes, des confidences, des conseils, ils se sont approchés quelques minutes de notre micro pour vous en apprendre plus sur eux et sur leurs chansons.

Pierre PERRET

Fete à Pierre Perret  2

Qu’est ce que ça vous fait d’avoir votre statue ?

Encore autre chose. Oui c’est vrai ça. Je ne m’attendais pas à être statufié comme ça. C’est une très bonne sculpture, je trouve qu’il est même plus beau que moi. Ca fait partie malheureusement de tous ces distinguos qui nous honorent au fil du temps . Et qui vous font vous dire que plus le temps passe, plus vous êtes honoré et finalement plus on est dans la merde, parce que l’échéance approche. Il faudra bien que je m’arrête un jour c’est sûr.

Je reviens sur scène toujours avec la même ferveur, la même envie, la même passion parce que si un jour ça m’abandonne je partirais en courant. Je ne tricherais jamais. Si je n’ai plus l’envie je ne continuerais pas. Il y a quelques semaines j’étais aux Vieilles Charues et j’avais 50, 60 000 personnes face à moi, dans une clameur fantastique. Pendant 3 à 4 minutes je n’ai pas pu sortir un son, c’était colossal. C’est pas du trac, c’est une émotion, un ressenti très fort de l’amour fédéré que l’on vous envoie. Chaque fois cela m’étonne encore. Si j’étais désabusé de tout ça je pourrais m’arrêter, j’adore la pêche et je passerais mon temps à pêcher, il n’y aurait aucun soucis je peux m’arrêter quand je veux.

On vous demande toujours votre célèbre titre “Lily”, c’était plus qu’un titre, une vraie leçon de vie ?

Dans le prochain album sur lequel je suis en train de travailler depuis des mois, il y aura surement une chanson qui sera le prolongement de ça mais aujourd’hui. J’écoute la radio, je lis les journaux, et bien sûr tout ces faits d’actualités que l’on entend me touchent. J’ai fais un texte qui est visible sur mon site (www.xxxxxx) qui s’appelle “Ma France à moi”. un journaliste me faisait une remarque suite aux différents événements difficiles qui sont survenus ces derniers mois en me disant “Mais cette France d’aujourd’hui elle ne vous ressemble plus, ce n’est plus votre France à vous”, et effectivement. il m’a conseillé de l’écrire car il disait que si je ne le faisais pas, personne ne le ferait.

C’était pas si con que ça ! J’ai pris de suite mon cahier d’écolier et je suis parti écrire ce texte pour dire dans la France actuelle ce qui me manque. Ce texte a été vu 10 600 000 fois et ça continue, c’est de par le bouche-à-oreille. Je trouve ça énorme !

Pour en revenir à la chanson, de 3 à 4 minutes, c’est un énorme travail. Il faut bâtir cette chanson à partir du texte. C’est pas si simple que cela il faut tout construire mais ça y est elle est faite et attend.

Que pensez-vous des artistes dits de “variété française” actuels ?

Il y a des gens intéressants et… d’autres moins. Mais ça c’est comme partout ! (Rires) Je ne détesterais pas chanter en duo avec certains, comme j’ai pu le faire [au festival Alors… Chante !] avec la jeune et talentueuse Nolwenn Leroy ou avec Alexis HK. J’ai chanté par exemple avec Les Ogres de Barback, avec Blankass, et des tas d’autres petits qui chantent des chansons intelligentes, originales et qui ont un certain sens.

C’est la première fois que je viens chanter chez moi ! (Rires) mais au moins je ne suis pas loin. Je suis désormais parrain de ce festival [NDLR – Festival Alors… Chante !] donc l’année prochaine je reviens. Je n’ai jamais chanté ici car le précédent maire de Castelsarrasin m’aimait comme une merde de pigeon sur son soulier alors voilà. Moi je m’en bats les couettes ! (Rires)

Il faut soutenir les festivals, ça me semble nécessaire, vital, crucial, important si l’on veut continuer à garder l’expression française à travers les chansons. Tous les petits couillons qui se mettent à chanter en anglais au départ peuvent se dire que l’on a une très belle langue. Entre Molière, André Breton, Jacques Prévert et Marceline Desbordes-Valmore. Tous ce sont exprimés très bien en Français jusqu’à aujourd’hui et ils peuvent continuer à s’en inspirer.

 

Hubert-Félix Thiéfaine

Hubert Felix Thiefaine portrait 1Vous êtes assez présents sur les réseaux sociaux, c’est quelque chose que vous aimez ?

Je suis un solitaire dans l’âme, je vais très peu sur les réseaux sociaux. J’aime bien aller travailler vers ce que les gens aiment de moi c’est à dire mes chansons. Je préfères passer du temps à écrire et à composer plutôt que faire fonctionner les réseaux sociaux. Ce n’est pas moi qui m’occupe de tout cela. Je m’y intéresse toutefois et je suis ça de temps en temps.

Quelle est votre base d’inspiration pour l’écriture de vos chansons ?

Déjà à la base j’écris les chansons que j’ai envie d’écouter et qui n’existent pas donc ça fait déjà une situation marginale. a une époque ou tout le monde essaie d’écrire la chanson qui va être aimé par le plus grand nombre et va permettre de vendre le plus grand nombre d’albums. J’ai une démarche expérimentale qui me plait. C’est aussi mon plaisir. je comprends que les radios et médias qui visent à toucher 85% de la population ne sont pas intéressé par quelqu’un comme moi qui ne touche peut être que 15%. Le monde de la télévision ce n’est pas mon monde. Je ne suis pas un enfant de la télévision. mon premier poste de télévision j’ai du l’avoir alors que j’avais la trentaine. Je ne suis pas du tout intéressé par tout ça et vu le virage que cela prend avec l’abrutissement qui est demandé ça m’intéresse encore de moins en moins. Cela doit bien faire un an que j’ai pas allumé la télé.

 

Yves JAMAITYves Jamait 10Vous avez fait un petit peu de tout avant de vous mettre à la chanson, comment est né votre envie de chanter ?

Oui avant de faire le con j’ai travaillé [NDLR – cuisine, bâtiment,…], j’ai bossé un peu comme tout à chacun. Comme dit mon copain Sarcloret je me suis occupé du labeur pour les épinards d’abord et puis ouais j’ai bossé. ce qui est atypique c’est le fait que j’ai commencé tard en tant que chanteur mais c’est pas atypique de travailler. J’ai touché un peu à tout car je pensais pas essayer de faire le chanteur. J’étais dans une frustration inconsciente. J’avais besoin de travailler pour gagner de l’argent pour manger, je n’étais pas du tout dans l’état d’esprit de me dire que j’allais faire un boulot que j’aimais. J’essayais de faire un boulot pas trop chiant mais bon voilà.

Depuis que je suis enfant, aussi loin que je m’en rappelle j’ai aimé la chanson. C’est vraiment un truc qui m’a accompagné. La chanson accompagne les gens qui ont une vie ordinaire, pas tous, pour certains ça va être les boules, pour d’autres le foot, pour moi c’était la chanson. C’était mes béquilles à moi et je me sens assez proche de moi. Je n’aurais jamais osé en faire mais il se trouve qu’assez tard j’ai commencé par des chansons très mauvaises, vraiment très nulles. J’avais juste l’envie d’écrire des chansons et j’ai continué. Petit à petit je me suis amélioré et à 37 ans j’ai croisé un mec sur Dijon, je lui ai proposé mes chansons et puis on a fait un duo, un trio et puis de plus en plus de monde est venu dans la région et on commençait à faire des salles de 300, de 500. J’ai à ce moment là arrêté de travailler pour le faire, j’avais 40 ans, j’ai fais le dingue et aller faire le chanteur. Je me suis pas battu pour convaincre, ça n’aurait pas marché j’aurais pas continué. il se trouve que j’ai convaincu.

Vous avez fait de belles rencontres qui ont boosté votre carrière tardive ?

Oui tout à fait. Jean-Louis Foulquier est une belle étape. Je tournais déjà depuis 2, 3 ans et on m’a appris que Jean-Louis avait passé une chanson de moi à la radio et plus tard on s’est rencontré sur une émission qu’il faisait à laquelle il m’a invité et il m’a dit qu’il avait parlé de moi à Patrick Sébastien. 2 ans plus tard Patrick me produisait sachant que j’avais été dans une situation un peu délicate avec un producteur un peu véreux et c’est lui qui m’a sorti de tout cela. grâce à Jean-Louis et la chanson Dimanche j’ai pris vraiment de l’ampleur.

J’ai eu un parcours atypique mais en même temps ce sont peut être les autres qui sont atypiques parce qu’ils veulent faire des coups. Moi je fais mon petit parcours tranquillement. OK j’ai eu Patrick Sébastien qui m’a fait un gros coup médiatique en me faisant passer devant 9 millions de personnes mais il faut accepter que cela prenne du temps et c’est après que tu te retournes un jour et que tu te dis Put*** ce sont de bons moments ! Ca apprend le métier. Je suis cuisinier de métier, j’ai appris avec un apprentissage. Dans la chanson c’est pareil, je considère qu’il y a 7 ou 8 ans d’apprentissage et maintenant on va dire que je sais, que je suis plus aguerri. Je sais où je vais et c’est très important d’avoir du temps.

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Manu Galure – Copyright David Desreumaux

On en voit certains devenir des “stars”, on aime bien ce mot, moi je préfère dire vedette, mais voilà en 1 an ils sont propulsés stars et ça veut dire quoi ? Forcément ils se retrouvent seuls, ils ne connaissent même pas les ficelles du métier et se font vampiriser par des gens tout autour d’eux. ils n’ont pas le temps de comprendre, c’est juste qu’ils peuvent profiter de cette fausse starification qui est fabriquée de toute pièce. Des tas de gamins qui se retrouvent dans des situations incroyables 5 ans après car ils n’ont rien connu d’autre et c’est là que c’est dur. Ils se sont toujours fait coacher, ils ont fait uniquement les pantins, ce qui fait que c’est très difficile après. Mais pas tous, par exemple le toulousain Manu Galure qui sort de la Nouvelle Star de cette saison, s’il tombe après tout ça il se fera pas très mal, il mettra un pansement et il se relèvera parce qu’il a pas mal d’expérience dans le métier et surtout il sait d’où il vient. Il travaille.

Stephane Rizzon, que je connais bien, j’étais allé le voir à The Voice, il a gagné mais il est tombé vite, personne ne le connaissait, en tout cas le grand public et ça fait toujours mal de voir quelqu’un comme lui tomber. Mais comme il avait déjà de l’expérience, du métier, il s’est relevé et reprend son petit bonhomme de chemin. Il n’avait pas assez de recul pour ce genre de choses.

Quels sont vos projets à venir ?

En tout cas essayer de poursuivre. C’est un métier assez dur, enfin qui a ses difficultés aussi. Pas bien entendu difficile comme de se lever à 5h du matin pour aller bosser à l’usine et rentrer fatigué le soir. Ce sont des difficultés psychologiques et puis on te fait pas de cadeau. C’est un monde dur. Continuer c’est déjà un petit peu prétentieux. J’ai de la chance car en période de crise, je fais des salles, les salles sont pleines, les gens aiment bien ce que je fais, enfin je pense, ils viennent à mes concerts. j’ai des copains artistes qui ne sont pas dans la même situation, ils mériteraient de l’être pour x raisons ils ne le sont pas. Continuer c’est déjà un beau projet pour moi.

Avec mon associé, on devient de plus en plus autonome, il faut et le fait de l’être nous permet d’en vivre et de faire ce dont on a envie. Les programmateurs de festivals ou de salles ont envie de nous faire venir.

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