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Les Mondes de Disney.

Les Mondes de RalphLa sortie en salles depuis le 5 décembre des Mondes de Ralph de Rich Moore, le traditionnel Disney de Noël (appellation désormais entrée dans le langage courant plutôt signifiante sur la mainmise de la boîte à Mickey), est l’occasion de revenir brièvement sur le rachat de Lucasfilm par Disney et ce qu’il sous-tend réellement.

Ralph est un personnage de jeu-vidéo qui en a assez de casser des briques et de jouer le méchant de service. En même temps que la tangente, il prend la décision de tenter de changer le cours de ses pixels et traversera une multitude d’autres univers vidéoludiques peuplés de personnages ressemblant à des héros d’arcade bien connus et ressortir gagnant des épreuves traversées, soit une fois qu’il sera parvenu à les maîtriser. C’est peu ou prou ce que Disney a fomenté depuis maintenant quelques années envers les autres entreprises créatrices d’imaginaires.

Ainsi, l’empire déjà imposant s’est agrégé d’importantes ramifications dans la sphère transmédia (pluralité de supports tels que les films « live », d’animation, les comic-books, les jeux vidéos, produits dérivés, etc. pour une même histoire et/ou univers de fiction). Ceci par le biais de plusieurs actions d’envergures pourtant peu soulignées dans les médias, justement, telles que le rachat de Pixar en 2006, l’absorption de sa tête pensante John Lasseter lorsqu’il fut nommé directeur du département artistique au même moment, l’échec programmé de John Carter réalisé par un autre membre de Pixar, Andrew Stanton (réalisateur de Wall-E et du Monde de Némo), le rachat en 2009 de Marvel Entertainment, la célébrissime firme de comics,avec en corollaire l’avènement de ces super-zéros d’Avengers (le film est une purge infâme) et, plus inquiétant, d’une puérilité confondante que des réalisateurs dociles perpétueront (il faut bien se mettre dans la tête que revoir un Sam Raimi en charge du destin d’un super-héros n’arrivera plus jamais)… Disney a ainsi raffermi son contrôle sur une bonne partie de l’imaginaire mondial en s’octroyant pour plus de 4 milliards de dollars, un autre empire, celui de George Lucas. L’annonce d’un septième opus à la saga Star Wars n’était rien moins qu’un écran de fumée, un os donné à ronger aux fans qui se sont précipités dessus pour hurler leur désapprobation (à l’image du cri lancé par Luke apprenant que le maître du côté obscur de la Force, Dark Vador, est son père), la saga étant artistiquement morte depuis 1997 et les éditions spéciales révisionnistes produites par papy Lucas (mais ceci est encore un autre problème et débat). Car le plus important est que l’appropriation de Lucasfilm (et tous les départements adjacents tels que I.L.M, pas des manchots en termes d’effets-spéciaux, ou LucasArt, la branche jeux-vidéos) signifie le renforcement du pouvoir de studios tout puissant au détriment des cinéastes tentant sinon d’imposer du moins de sauvegarder leur intégrité artistique face au tsunami du ciné-marketing. Et la dernière transaction en date en est sans doute le plus emblématique des symboles de ce retournement créatif, soit une forme d’atteinte à la pluralité de point de vue.

Et dans cette opposition se jouant en filigrane des films qui vont débarquer en salles dans les prochains mois, seule la Warner semble en mesure de contester un tant soit peu cette mainmise au travers de projets diablement excitants. Nul doute que les scores au box-office des Bilbo Le Hobbit (Peter Jackson), Pacific Rim (Guillermo Del Toro), Cloud Atlas (les Wachowski), Mad Max : Fury Road (George Miller seront décisifs et déterminants sur la pérennité d’un modèle permettant le développement d’une vision iconoclaste, inventive, artistique, tout simplement. Sinon, il faudra se préparer à un déferlement encore plus conséquent de franchises aussi insipides qu’étriquées du type Twilight, Hunger Games ou Avengers.

Bien sûr, inutile d’avoir ces quelques tenants et aboutissants à l’esprit pour apprécier ou non Les Mondes de Ralph, mais il n’empêche que c’est une piste de lecture a posteriori qui peut s’avérer intéressante et pertinente

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