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Cloud Atlas de Lana et Andy Wachowski et Tom Tykwer : Symphonie à six voies

Outre la version du magicien d’Oz par Sam Raimi, sort ce mercredi la merveille de Lana et Andy Wachowski et Tom Tykwer, Cloud Atlas.

Adaptation du roman à succès Cartographie des nuages de David Mitchell, le film est difficilement résumable (six histoire dans autant de temporalités différentes vontre s’entrecroiser, se répondre) mais une chose est sûre sa vision relève d’une expérience hors du commun.

Comment parvenir à imbriquer le voyage de l’avocat Adam Ewing sur un négrier en 1849 avec une enquête journalistique dangereuse menée par Luisa Rey dans les seventies avec la quête de Zachr’y dans un futur post-apocalyptique en passant par la course-poursuite de Sonmi-451 dans le Néo Séoul de 2144 ? Une gageure relevée de mains de maîtres par les trois réalisateurs grâce à une science du montage hallucinante qui lie des éléments disparates grâce à des transitions (on saute d’un récit à l’autre) s’opérant sur un mouvement de caméra, d’un personnage, un objet, des paroles ou des notes de musique.

Cloud Atlas est un film transgenre (romance entre deux amants, comédie burlesque dans une maison de retraite, S.F, polar…) qui s’appuie sur les concepts d’Eternel Retour de Nietzche, de la transcendance théorisée par Ralph Waldo Emerson, de migration des âmes, de karma (pas un hasard si la plupart des acteurs interprètent plusieurs rôles), de destin sans que cela soit indigeste ou que cela nécessite des connaissances pointues car comme à leur habitude (Bound, la saga Matrix, Speed Racer pour les Wacho, Les Rêveurs, Heaven ou Cours, Lola Cours pour Tykwer abordent également des notions aussi complexes) tout passe par l’image, la mise en scène, la manière de faire ressentir au spectateur ce qu’il voit avant d’en prendre conscience et de l’intellectualiser. Une réalisation qui fait éclater toutes les notions limitatrices à l’épanouissement, sans parler des frontières physiques et temporelles explosées par la narration s’étendant entre six époques différentes

C’est un spectacle total d’une grande finesse et sagesse dont le schéma directeur parcourant ces six histoires emmêlées peut se résumer à un seul mot, l’Amour. Avec un très grand “A” oui. Ainsi, impossible de ne pas être ému aux larmes par ses destins incroyables qui tissent une symphonie magnifique. L’analogie avec la musique n’est pas fortuite car cette dernière participe pleinement à l’expérience sensitive, et se reflète dans la musicalité incroyable qui émane du montage des images

Si la première demi-heure d’exposition peut sembler confuse et compliquée avec la succession des six récits dont on évoque certains des enjeux, pas de panique, tout va progressivement se fluidifier, scintiller du sceau de l’évidence, pour se laisser porter, se laisser transporter même par cette gigantesque histoire de libération, d’éveil puis d’accomplissement.

Porté par une direction artistique (décors, costumes, maquillages, photo) et d’acteurs (Tom Hanks, Halle Berry, Hugo Weaving, Hugh Grant, entre autres, tiennent les rôles de leurs vies) phénoménales, Cloud Atlas peut également s’envisager comme un prolongement aux films de leurs auteurs et tout particulièrement à la trilogie Matrix et Speed Racer : après s’être émancipé des dogmes de la matrice, entrevu l’échappatoire formée par l’Art comme source d’élévation, les Wachowski et Tykwer à leur suite empruntent cette ouverture ainsi constituée et en arpentent les potentialités.

Bande-annonce de près de 6 minutes qui en dévoile pourtant infiniment peu :

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