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Interview d’Adrien Anderson auteur du roman “Le Cercle de Seth”

Bonjour Adrien. Nous sommes ici pour parler de ton nouveau livre “Le Cercle de Seth”. Justement, pourquoi ce titre ? 

Seth, c’est d’abord le dieu égyptien, le dieu du Mal. On pourrait par extrapolation le comparer au diable. J’étais parti en Pologne et j’avais été inspiré par les lieux. Cela m’évoquait bien une sordide affaire de meurtres en série. Mais pas que ! Une affaire de secte également. La symbolique du cercle est très importante. C’est aussi pour cela que l’on trouve un pentacle sur la première de couverture. Il devrait d’ailleurs être inversé car, ici, il symbolise le Bien et non le Mal. La bonne nouvelle, c’est que les lecteurs les plus superstitieux pourront tout de même prendre le roman en main. En tout cas, dans le livre, on retrouve les victimes à l’intérieur d’un cercle de sang, formant bien un pentacle inversé dont la pointe basse est formée par la tête du cadavre.

Ce désir d’écrire dans un style plus thriller ce n’est pas nouveau. Le fait de créer un suspense qui maintient en haleine et de donner envie au lecteur d’entrer dans ton univers, c’est quelque chose qui te plaît ?

Ce que j’adore, c’est de laisser volontairement le lecteur partir dans une direction, bardé de certitudes, alors que c’est un cul de sac qui ne lui apportera pas les réponses qu’il souhaite. Les lecteurs sont parfois persuadés d’avoir percé l’énigme de l’auteur. Quel plaisir de les piéger ! L’idée est bien de les surprendre et le thriller est parfaitement adapté à cet exercice. Contrairement à ce que l’on peut penser, il n’est pas nécessaire de faire des tonnes de descriptions pour obtenir cet effet et ainsi maintenir un niveau important de suspense.

Oui c’est une de mes remarques sur ton roman. Tu nous plonge directement au coeur de l’action sans fioritures descriptives. 

Tout à  fait. Je préfère concentrer mes écrits sur l’action plutôt que de perdre le lecteur dans des détails superflus. Le lecteur peut ainsi se faire sa propre idée et se concentrer sur l’histoire et son déroulement. Je suis adepte de l’écriture scénarisée. C’est plus vivant.

Peux-tu nous présenter ton roman ?

C’est un jeune lieutenant de police qui se trouve, pour la première fois de sa carrière, confronté à une série de meurtres sur fond de secte. Il découvre que ces assassinats ont lieu tous les dix-huit ans selon le même mode opératoire. Il remonte en arrière mais piétine. Cela fait très longtemps que ces séries d’homicides se produisent et, au-delà de la durée de vie d’un être humain. Beaucoup de questions se posent sous une légère ambiance ésotérique en filigrane. Je n’ai pas voulu alourdir le livre avec cet aspect mais la présence de cette dimension-la était incontournable.

On retrouve plusieurs références à l’astrologie entre autre.

Oui mais celle-ci reste très liée à la numérologie utilisée comme trame principale de traque du tueur. Un numérologue va aider le lieutenant Jim Spenser à reconstituer le puzzle dans cette affaire de symbolique . Plus ce dernier progresse dans ses recherches plus il se persuade de se rapprocher du meurtrier . Mais au fond il s’en éloigne particulièrement. C’est plutôt le serial killer qui se rapproche de lui à pas de loup . Mais CHUT , je n’en dirai pas plus.

Spenser va finir par découvrir le pot-aux-roses : son suspect n’est pas un banal tueur en série, c’est aussi, et avant tout, le gourou d’une puissante secte internationale bénéficiant de réseaux très étendus : de la politique à l’administration en passant par l’Armée. Son objectif est assez simple : asservir le monde. Si l’on se pose quelques instants et que l’on réfléchit, oui, cela fait un peu penser à Daech.

Pour quelle raison ?

Le meilleur moyen, à mon sens, de traiter d’un sujet contemporain si sensible, c’était de le dépassionner. Et comment ? En retirant l’aspect religieux, pour ne pas avoir de débat empoisonnant et dogmatique. Je ne suis pas assez calé sur ces questions et de toute façon et cela n’aurait apporté aucune plus-value. Le message aurait été brouillé.

Comme beaucoup s’accordent à le dire, Daech ou l’État islamique selon les affinités, est finalement une secte planétaire qui obéit aux mêmes logiques que d’autres mouvements du même ordre : objectifs, extrémisme, endoctrinement, justifications pseudo religieuses, … Il y a bien des gourous qui envoient leurs adeptes se faire tuer pour une cause précise en leur promettant une récompense divine. Je n’ai fait que reprendre ces techniques aussi vieilles qu’Hérode pour enrichir mon inspiration.

Des techniques de quel genre ?

Je ne donne pas de détails des techniques pour des raisons de sécurité même si mon petit doigt me chuchote bien des choses à l’oreille. Il ne faudrait pas donner de mauvaises idées. En revanche, j’évoque certains modes d’action, les limites de la technologie qui pourrait un jour se retourner contre nous : les métros automatisés tels que ceux de Toulouse, il y a aussi les trains que Daech avait d’ailleurs cherché à viser pour les faire dérailler et bien d’autres choses auxquelles on ne pense guère. Je tiens à préciser que « Le Cercle de Seth » a été publié avant l’intervention du Ministre de l’Intérieur de l’époque, Gérard Collomb, sur ce sujet. Je reste intimement convaincu que le terrorisme poursuit sa mutation et qu’il n’en restera pas là. Plus ces organisations seront en capacité de maîtriser les technologies et l’informatique, plus elles deviendront dangereuses et destructrices massivement. Nous ne sommes plus dans la fiction quand on constate que certains sites de mairies ont bien été piratés par Daech.

Par rapport à la secte que tu mets en scène dans ton roman, as-tu récolté des témoignages de personnes qui ont fréquenté une secte ?

Oui. Les témoignages ne sont possibles que lorsque la personne sous emprise a fini par ouvrir les yeux et se rendre compte de la supercherie. Cela peut prendre du temps et les proches sont essentiels dans ce travail.

Ce livre a aussi vocation à alerter le lecteur sur ces phénomènes qui prennent de l’ampleur avec des couvertures sans cesse plus innovantes. En France, les rapports sur ces sujets produits par des parlementaires ou la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires attirent l’attention sur le fleurissement de dérives sectaires qui se cachent derrière le bien-être. D’ailleurs, on ne se contente plus aujourd’hui de parler de sectes mais également de « DERIVES sectaires ». Il convient donc de rester très méfiants à l’égard des promesses de certains soins alternatifs originaux, … qui sont, bien entendu, payants. Par exemple, il arrive que des personnes atteintes de maladies graves se laissent entraîner dans ce genre de système, désespérées, déçues de la médecine traditionnelle ou des alternatives classiques, prêtes à tout pour s’en sortir.

Les gourous savent parler, sont percutants, charismatiques pour certains, inspirent confiance et en abusent. Il faut rester très méfiant, surtout lorsque l’on vous prend de l’argent. Il faut aussi rester logique. Qui peut penser sérieusement qu’une personne puisse avoir le pouvoir d’agir sur vous à partir d’un objet vous appartenant via des pouvoirs propres ? Nous ne sommes pas dans Dragon Ball Z ou Power Rangers. Cela relève uniquement du registre de la croyance. Nous savons tous qu’un être humain n’est pas en capacité de fabriquer des ondes à même de parcourir des kilomètres pour nous soigner. Il faudrait, pour cela, une quantité d’énergie phénoménale pour traverser les murs, les reliefs, … et se diriger précisément sur la partie à traiter. Le corps humain ne dispose pas de cette ressource. Notre corps n’est pas une antenne satellite raccordée à des panneaux solaires. Même les téléphones portables ont besoin de plusieurs antennes relais pour maintenir un signal.

Pour finir, ces gourous cherchent par tous les moyens une crédibilité : parfois via des structures associatives ou à travers des professionnels. Il faut donc conserver un regard critique, c’est le principal conseil à donner.

Ce n’est pas ton premier livre, il y en a quelques-uns avant.

Oui, j’ai exploré un peu tous les registres : de l’humoristique à la science-fiction en passant par le fantastique. Je refuse de toujours écrire dans le même domaine. C’est impossible pour moi. J’aime trop la liberté de l’inspiration pour m’y contraindre. Je suis, sur ce point, un peu comme les auteurs les plus anciens … un peu « touche à tout ».

Un prochain roman dans les cartons ?

J’ai prévu de changer à nouveau de genre en m’attelant au roman d’aventure. Mais je n’abandonnerai pas mon fidèle suspense qui m’accompagnera à nouveau dans cette ascension de l’Everest vécue par un Alpiniste du verbe. Cela restera une sorte de thriller non policier et avec cette fois quelques références à l’Histoire en filigrane.

Ce sont deux jeunes universitaires qui se trouvent être les héritiers de l’Ordre du Temple qui n’aurait, au final, pas été entièrement dissout. Il aurait traversé le temps sous une forme plus contemporaine.

Évidemment, historiquement, l’Ordre a bien été dissout par le Pape Clément V sur volonté de Philippe Le Bel mais certains historiens tendraient à démontrer qu’il se peut qu’une branche ait continué à exister hors de France avant de muter. Beaucoup de gens ne savent pas que la légende du Trésor Templier est basée sur un document historique. Un haut dignitaire de l’Ordre est parvenu à quitter le Temple de Paris avec des charrettes remplies d’on ne sait quoi. Quand les soldats du roi de France sont arrivés au siège, parait-il qu’il ne restait plus rien. A partir de là, la légende était née. Je reste persuadé qu’il y a bien quelque part un butin. La question à se poser, c’est plutôt sa nature. Est-il matériel ou immatériel ? Troquons les pièces d’Or pour un Savoir venu d’Orient, ça vous dit ? Je jongle dans ce livre avec l’alchimie via le fameux manuscrit de Voynich qui n’a jamais pu être décrypté mais aussi avec la mort du Pape Jean-Paul I qui n’a eu un règne que de 33 jours avant de décéder dans d’étranges circonstances en 1978.

Nos deux jeunes fougueux universitaires vont se retrouver au cœur d’une chasse qu’ils n’avaient pas prévu et vont se frictionner avec des personnes s’apparentant à la Franc-Maçonnerie avant de découvrir une grande proximité avec le cœur de ce courant philosophique qui va leur porter assistance pour lutter contre une branche morte qui tarde à tomber de l’Arbre.

Adrien ANDERSON, ce n’est pas ton vrai nom ?

Non, en effet. En revanche, c’est mon véritable prénom. N’y a-t-il pas toujours une part de vérité qui sommeille dans toute fiction ? Les pseudos n’y échappent pas !

Pourquoi ce choix ?

Mon premier contrat mentionnait la possibilité de prendre un pseudonyme. J’ai réfléchi et j’ai choisi un nom à consonance anglo-saxonne qui me correspondait bien. Il est devenu ma marque de fabrique. Une véritable emprunte littéraire qui me qualifie. Je me sens très proche de l’esprit des auteurs anglo-saxons. Ils ont réussi à rendre la littérature universelle en la démocratisant, en lui donnant une âme contemporaine en l’adaptant constamment à son temps. Elle n’est plus réservée aux élites mais à l’ensemble des habitants de notre planète. C’est fabuleux. Les auteurs français ont malheureusement plutôt échoué dans cet exercice même si quelques-uns parviennent à s’exporter de manière très honorable.

« Le Cercle de Seth » a été préfacé par une personne atypique. Comment l’as-tu rencontrée et persuadée de préfacer ton roman ?

C’est un ex négociateur expert du GIGN qui exerçait au sein de l’Unité de Gestion des Crises Extrêmes. Il a été amené à intervenir sur des prises d’otages massives par exemple. Je l’avais rencontré par le passé lorsque j’étais journaliste bénévole pour Radio Cultures. Il s’était proposé d’intervenir dans une émission si l’occasion se présentait un jour. Malheureusement, l’affaire Merah est arrivée. J’ai laissé passer un peu de temps pour éviter le traitement à chaud qui rogne la qualité des sujets et j’ai proposé une émission spéciale qui a été acceptée par l’équipe de rédaction de l’époque. Je lui ai donné la parole. Il a pu nous éclairer, entre autre, sur le fonctionnement général des interventions des forces spéciales dans un cas de ce genre et il a expliqué pourquoi on n’avait pas « gazé » le terroriste pour le neutraliser, ce qu’une partie de l’opinion publique de l’époque ne comprenait pas. La réponse était assez simple et juridique même si elle restait difficilement compréhensible en de telles circonstances. Si le suspect avait fait une réaction allergique et était décédé de ces complications, on pouvait assimiler cette intervention à un empoisonnement et engager la responsabilité de l’État via ses forces de police. En revanche, dans d’autres pays, certains gaz sont utilisés pour neutraliser des preneurs d’otages comme en Russie mais pas seulement. Ce n’est d’ailleurs pas toujours efficace.

Et puis j’ai perdu de vue Bernard quelque temps jusqu’à ce que j’achève « Le Cercle de Seth ». Là, je me suis dit qu’il était l’homme de la situation pour réaliser ma préface. J’ai repris contact et je lui ai transmis le manuscrit pour qu’il en prenne connaissance. Après lecture, il a accepté de le préfacer en apportant sa vision d’expert sur les aspects davantage psychologiques des phénomènes et personnages décrits dans le roman. J’avais besoin de cette expertise pour m’assurer que je collais bien à l’esprit et aux réactions des personnages que je mettais en scène. C’est pour moi bien plus qu’une préface, parce qu’elle a vocation à donner un sens à l’ouvrage et à le replacer dans le contexte de la réalité.

C’est le message que tu voulais faire passer ?

Complètement. Car ce regard extérieur d’expert est très important. Il permet de resituer la fiction au cœur de la réalité même s’il n’est pas question dans la fiction de coller exactement à la réalité. On peut se permettre d’établir des connexions parfois difficiles à effectuer pour des professionnels. On s’affranchit assez des procédures par exemple et d’autres points qui sont de nature à alourdir un roman. En revanche, la fiction peut s’écrire avec réalisme et doit permettre avant tout de pousser le lecteur à s’interroger sur notre réalité, à attirer son attention sur des problématiques précises avec des pistes de réflexion. Et là, on passe de nouveau de la fiction à la réalité.

Attention, nos Classiques sont magnifiques, l’Histoire est passionnante mais l’avenir est pour moi très anglo-saxon car ces gens conservent assez bien cette volonté de simplifier les choses, d’aller plus à l’essentiel. Mon héros, Jim Spenser, est de ce bois. Au final, il sera ce que vous voudrez en faire à partir des traits principaux que j’en ai dressé. J’entends par là que vous ne découvrirez pas dans le roman le contenu de ses assiettes de chaque repas, le profil psychologique de ses voisins et la couleur des murs de ses toilettes et s’il prend des douches ou des bains. Et si vous vous demandez pourquoi on ne sait pas grand chose de sa vie privée, je vous répondrai que c’est parfaitement logique et que la réponse se trouve bien en filigrane dans le livre mais qu’elle nécessite un petit temps de réflexion car cela n’est pas tout à fait écrit. L’idée est de laisser une place au lecteur et ne pas le considérer comme un simple récepteur passif. Il doit être à même de pouvoir stimuler sa propre imagination des détails à partir de son vécu et d’un cadre général donné et en se passant des interminables descriptions de meubles en tous genres.

J’ai cru comprendre que tu avais une petite exclusivité à confier au Webtoulousain sur un lieu assez atypique de l’une de tes prochaines dédicaces ?

Je vois que tu es plutôt bien renseignée et que tu as bien mené l’enquête, façon Jim Spenser. On n’a pas encore communiqué mais « Le Cercle de Seth » sera en dédicace au salon du livre du Monaco, placé sous le haut patronage de Son Altesse Sérénissime le Prince Albert II en présence d’une soixantaine d’auteurs monégasques, italiens et français.

Toutes mes félicitations. D’autres salons prévus ?

Tous les déplacements ne sont pas encore calés mais, dans la région, je serai à Figeac où « Le Cercle de Seth » a été présélectionné pour le prix avec 12 autres ouvrages. On croise les doigts. Une dédicace est aussi prévue au premier salon de Fontbeauzard en février. Le salon de Noyant d’Allier m’accueillera en tant qu’invité d’honneur cette année en mars. Il s’agit d’une charmante ville qui accueille une grande communauté asiatique avec un magnifique temple bouddhiste. D’autres passages seront sans doute reconduits comme « Les Gourmets de Lettres » à l’Hôtel d’Assezat de Toulouse ou encore le salon du Polar d’Auch, deux manifestations littéraires de grande qualité avec des bénévoles dévoués.

A quel endroit peut-on trouver « Le Cercle de Seth » ?

Sur Toulouse, la librairie Privat le commercialise par exemple. D’autres librairies peuvent également se le procurer s’il n’est pas en rayon. Et puis, il y a également Amazon même si en ce moment il vaudrait mieux ne pas le dire, rires.

Une dernière pensée ?

Là, avec cette question, j’ai clairement l’impression que mon heure est arrivée et que j’ai un revolver sur mon front qui perle à grosses gouttes. Je m’exécute ! Refusant le conformisme, préférant la singularité, je n’aurai que cette phrase de Victor Hugo à t’apporter pour conclure notre sympathique entretien : « Un lion qui copie un lion devient un singe ». A méditer !

 

 

 

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Une réflexion sur “Interview d’Adrien Anderson auteur du roman “Le Cercle de Seth”

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