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“A”, pièce éblouissante d’Elie Rapp actuellement au théâtre de La Scène Parisienne à Paris

la pièce “A” est un petit macaron qui se déguste avec délectation. Avec en son centre Elie Rapp l’auteure entourée de Vincent Paillier et de Thomas Drelon ou Ludovic Thievon. Sans oublier le soupoudrage indispensable d’Eurydice El-Etr, à la mise en scène.

Une pilule d’amour et d’anticipation, où se mêle la poésie, l’humour et de très belles émotions. Cet oeuvre se croque avec envie et sans modération !

Je vous invite à découvrir la petite entrevue avec Elie Rapp, Vincent Paillier et Thomas Drelon.

Nous venons d’assister à “A” et j’ai avec moi les trois protagonistes de la pièce, dont Elie Rapp l’auteure. Bonjour Elie, merci de nous avoir convié à la représentation.

Elie : Bonjour Vanessa, merci à toi d’être venu.

Elie qu’est-ce qui t’a donné l’idée de faire une pièce sur l’anticipation ?

Elie : Ouh la, alors principalement mes parents… J’espère qu’ils ne vont jamais être mis au courant de cette interview (rires). J’ai un papa, qui est beaucoup plus âgé que la plupart des papas. Il m’a eu tard. Quand j’étais en primaire, les autres enfants me disaient : “Ton père à l’âge de nos grands-parents, il va bientôt mourir !” Ce qui m’a donné une sorte de compte à rebours où il fallait que je réussisse plein de chose avant que mon père ne décède. Cela m’a donné une dynamique de vie géniale car j’ai fait plein de choses effectivement. J’ai l’impression d’avoir vécu mille vies ! En contre-partie, j’ai longtemps eu en moi un espèce de compte à rebours qui me mettait dans un état d’urgence, qui me stressait à faire des choses pour qu’il soit fière. Passé mes 30 ans, je me suis un peu calmé. Mais de là, cette place immense à l’anticipation, à chercher à prévoir ce qui va se passer après demain.

Et puis après j’ai une mère extrêmement angoissée. Elle met une demie heure à partir quand elle doit sortir de chez elle car elle s’impose de penser à tout « au cas où ». D’où le verbe “Au casouter ” que l’on cite dans le spectacle. Contrairement à un père qui est très dans le moment présent et qui monte dans la voiture alors qu’il a encore ses pantoufles (rires).

On peut dire dans “A” que les opposés s’attirent ?

Elie : Alors les opposés s’attirent mais ne se complètent pas forcément (rires). On a vu que ce n’était pas si facile de créer une rencontre entre le A+ et le A-. Entre ceux qui anticipent trop et ceux qui ne le font pas assez… Effectivement il y a une histoire de juste milieu. Ici le juste milieu est envisagé via le concept « du bon moment ».

Alors on découvre les personnages, leur chemin de vie de leur naissance à l’âge adulte. On a d’un côté Ali et de l’autre Ana dont tu interprètes le rôle.

Elie : Oui, je joue Ana exactement. Il faut dire que je me reconnais un peu dedans. On peut dire que c’est mon double fictif. Ana, c’est un peu de la thérapie pour moi. Et il y a Ali qui est le contraire d’Ana. C’est une sorte de Pierrot lunaire. Il est dans le temps présent mais par conséquent il est en retard sur tout et il rate sa vie. Finalement il est aussi malheureux qu’Ana.

Avec nous on a Vincent Paillier qui joue une multitude de rôles. Vincent qu’est-ce qui t’a séduit dans ces rôles ?

Vincent : D’abord ça ne m’a pas séduit ça m’a fait peur ! Cela m’a terrorisé quand j’ai lu le texte d’Elie. D’ailleurs, je viens de l’écouter parler d’elle dans la pièce, et je confirme, elle est vraiment comme ça dans la vie (rires). En terme de préparation de tournée, de la préparation de la scène, du plateau, elle est toujours dans l’anticipation.

Elie : Coupez, coupez  (rires collégiaux) !

Vincent : C’est à peine exagéré on va dire (rires). Pour répondre à ta question, ce qui m’a plu c’est l’enjeu, c’était un sacré défi à relever. J’ai toujours été impressionné par les acteurs qui jouent plusieurs rôles sur un même spectacle. Là sur “A” on peut à peine les compter. Je crois qu’il y en a 21, enfin il y en a au moins une vingtaine. Et la peur s’est transformée en véritable joie parce que je ne m’ennuie pas une seconde pendant le spectacle. C’est aussi et surtout un travail très physique car je vais chercher avec tous les personnages même les petits à être sincère. C’est la difficulté ne pas rentrer dans quelque chose de mécanique même au bout de la 71ème représentation ce soir et notre 10ème parisienne. Toujours avoir ce côté vrai ce qui est un réel enjeu d’acteur pour moi.

Thomas Drelon tu as rejoint la troupe il y a peu et tu partages le rôle d’Ali avec Ludovic Thievon. Comment as-tu été accueilli par Elie et Vincent ?

Thomas : J’ai été très mal accueilli mais je suis resté professionnel (rires). Non en fait j’ai été bien intégré à l’équipe. Ce qui est un peu particulier c’est que j’ai repris le rôle sans avoir vu la pièce. C’est vraiment mes petits camarades qui m’ont accueilli et guidé. Mais c’était bien puisque ça m’a permis d’inventer des choses dans l’interprétation un peu différente de l’original. C’était très agréable de pouvoir apporter une autre vision.

Qu’est-ce qui te plaît dans le rôle d’Ali ?

Thomas : Ce n’est pas le rôle particulièrement, ce qui me plaît c’est la pièce, son univers et l’écriture d’Elie. Il y a tellement de portes d’entrées, de possibilités de jouer des choses très différentes sur un seul parcours qui est assez dense vu que le spectacle dure 1H15 et qu’on reste constamment sur scène. C’est ça qui est vraiment très séduisant. Je pense que c’est ce que Vincent disait tout à l’heure même si j’écoutais que d’une oreille (rires). Il faut vraiment rester sur la sincérité, être sur une histoire intime et personnelle. Puis il y a aussi du grand guignol, du cartoon. On passe par toutes ces phases et pour un comédien c’est un chouette cadeau.

Effectivement j’avais déjà vu la pièce et là c’était la première fois avec Thomas et j’ai redécouvert la pièce et je ne suis pas la seule.

Vincent : En effet comme vous avez vu la pièce avec Thomas ça donne un tout autre visage à “A”. On a la chance de jouer avec deux acteurs pour le rôle d’Ali. Ils sont différents, Ludovic et Thomas ont deux natures différentes et ne sont pas le même Ali, ni la même horloge biologique et à chaque fois c’est super car cela donne une vision différente du spectacle, tout en restant toujours très touchant à leur manière.

Elie : Et nous ça nous permet aussi de rester sur le vif, de ne pas s’endormir, de ne pas se mettre sur des rails… Il faut toujours être extrêmement présent et ça c’est chouette pour nous aussi. On est toujours en train de réinventer. Après, c’est une pièce qui est remplie de fantaisie, si on ne s’amuse pas sur le plateau, la pièce ne fonctionne pas. On essaie d’apporter des petites choses en plus ou en moins, différemment en tout cas, pour qu’on continue à s’amuser tous les soirs.

Il y a un super retour de la pièce. J’ai pris connaissance des commentaires laissés sur divers plateformes. Qu’est-ce que ça vous fait de recevoir tous ces applaudissements et remerciements du public ?

Elie : Déjà on fait ouf (rires). C’est la première fois que “A” est sur Paris. On ne savait pas trop à quoi s’attendre des retours du public parisien. C’est très rassurant surtout qu’on joue quand même jusqu’à fin décembre. On connait les enjeux de Paris. On sait le nombre de spectacles proposés. “A” c’est un univers un peu particulier et le grand mérite c’est de proposer autre chose et c’est ce qui est salué par le public à la sortie. Et de voir aussi qu’on parle toujours de la mise en scène de Eurydice El-Etr, de l’écriture et des trois comédiens. On est bien content mais on se doute bien qu’on ne fait pas l’unanimité, parce que ce sont toujours les gens qui ont aimé qui laissent des commentaires, il ne faut pas se leurrer, et on ne veut pas avoir les chevilles qui enflent (rires). C’est à chaque fois un rendez-vous du lundi, mardi et mercredi pour lequel on se réjouit.

Vincent : Oui on est très heureux parce qu’on ressent un petit frémissement. Les gens ont l’air très content quand ils sortent du spectacle. Et l’enjeu il est présent parce qu’en fait “A” c’est un titre qui n’évoque rien ou pas grand-chose. On ne sait pas de quoi parle la pièce. L’affiche est toute aussi mystérieuse et énigmatique. Les gens assistent à cette pièce en ne sachant pas ce qu’ils vont voir. Il faut avoir le courage d’y aller parce que souvent on aime bien savoir de quoi ça parle, de ce que c’est… Et là en fait on en ressort surpris, donc il faut avoir confiance aussi.

Thomas : Si je reviens à la question originale c’est très agréable. Après comme Elie anticipe beaucoup et est très inquiète elle vous dit “ouf” dans son commentaire (rires). Moi je vous dirais plus “chouette”.

Ah oui bon mot (rires) !

Thomas : Oui c’est une question de tempérament (rires). Non, on est content de voir comment ça se passe dans la salle. Les commentaires, c’est bien sûr important mais c’est plus la réaction à chaud qu’il faut prendre en compte. Les gens qui applaudissent et leur sourire à la sortie c’est magique. Encore une fois c’est grâce aux portes dans le spectacle. J’ai lu une interview d’une actrice américaine dernièrement qui disait “Finalement ils ne viennent pas nous voir, ils viennent se voir eux à travers nous” en parlant du public. Je crois que c’est ça avec “A” les gens peuvent se raconter, être un peu Ali, être un peu Ana ou telle ou telle maman. C’est ce qui est touchant dans ce spectacle et c’est super de le transmettre.

Elie : Je crois vraiment que c’est mon cahier des charges au moment de l’écriture. Ce que je voulais vraiment c’est que les gens s’identifient, mais pas forcément à Ali ou à Ana, mais aussi aux plus de 30 personnages tout autour, qui ont tous un rapport avec le temps un peu particulier. Je me dis que si les gens sortent en se disant “J’ai reconnu untel, j’ai reconnu mon mari, ma femme, ma mère est un peu comme ça », pour moi, c’est gagné ! Je ne veux pas leur proposer qu’un divertissement mais je veux leur parler d’eux.

Vincent : Ce qui est bien aussi en termes de chiffre d’affaire, je vais rester très concret (rires) : il se passe tellement de choses dans la pièce que les gens se disent “il faut que j’y retourne”. Donc quand on gagne un spectateur, on gagne un doublon parce qu’il revient voir “A”. On a des amis qui l’ont vu plusieurs fois et qui nous ont dit avoir redécouvert ou compris des choses qu’ils n’avaient pas vues ainsi la première fois. Donc il faut le voir et le revoir !

Elie : Et vous Vanessa vous l’avez-vu combien de fois cette pièce ?

Quatre fois (rires). Deux fois à Avignon : Au théâtre de la Tache d’Encre et au théâtre des Béliers, une fois en province à Ossau et ce soir sur Paris et je ne m’en lasse pas (rires).

Elie : Voilà, un très bon exemple de notre public qui nous suit à travers les routes de France (rires collégiaux)

Justement, où peut-on voir “A” sur Paris ?

Elie : A la Scène Parisienne, 34 rue Richer dans le 9ème arrondissement de Paris. C’est juste à côté des Folies Bergères en plein cœur de Paris. On joue tous les lundi, mardi et mercredi à 19 heures jusqu’au 31 décembre !

Vincent : En plus nous jouons dans un tout nouveau théâtre, une nouvelle scène. Tout beau, tout propre prêt à vous accueillir avec une belle programmation.

Elie : A bientôt !

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