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Interview de Jan Kounen le touche à tout de la réalisation : de “Dobermann” à “Mon cousin” au Festival Fifigrot

Bon nombre d’invités étaient présent sur le Festival du Fifigrot. Et les organisateurs en séance hors compétition avaient programmé “Mon cousin” en présence du réalisateur Jan Kounen.

Jan Kounen c’est vraiment le réalisateur éclectique par sa diversification de projet. Il va du film policier, film aventure western au documentaire, ou encore à la comédie.

Nous avons eu la chance de converser avec lui juste avant la projection en avant-première public de “Mon cousin” au cinéma Gaumont Wilson.

Nous sommes au Festival grolandais de Toulouse, le Fifigrot et je suis en présence de Jan Kounen. Bonjour Jan.

Bonjour.

Vous souvenez-vous de votre toute première réalisation ?

On se souvient toujours de sa première réalisation, mais il y’en a plein. Celle que l’on fait avec la caméra super huit de ses parents, la première en tant qu’étudiant, et puis après la première réalisation professionnelle avec une équipe. Vous avez le choix (rires).

Et pourquoi pas celle avec les parents ?

En fait avec celle de mes parents, je n’ai pas tourné mais j’ai quand même monté un projet. J’aimais beaucoup la série “Cosmo 1999” et j’adorais “King Kong” de Laurentiis. Je voulais faire un King kong sur la lune donc j’avais commencé à fabriqué une base lunaire avec des légos dans une grande pièce pendant des semaines. Après j’avais demandé à mon père de m’acheter du grillage très fin pour fabriquer King Kong. Le grillage doit toujours être roulé dans le hangar car je l’ai finalement pas fait. Mais ça a été la première fois que je me suis dit je vais faire un film.

La passion est venue tôt ?

Oui, très jeune. Ensuite le premier film que j’ai vraiment tourné c’était quand j’étais étudiant aux Arts décoratifs. J’ai fait un film d’animation avec des copains et après une petite fiction. A l’époque j’aimais beaucoup “Highlander” donc j’ai fait une sorte de parodie avec des guerriers, des épées, des châteaux dans le sud de la France. Là, il y a plein de châteaux et on m’a prêté les costumes et on s’est amusé à tourné ça en 16 millimètre.

Cet après-midi on va pouvoir assister à la projection de vos courts-métrages.

Oui, c’est quasiment tous les courts-métrages que j’ai fait, mais il n’y a pas la totalité ce serait une séance trop longue (rires). Il y a le tout premier qui m’a permis de faire ce métier c’est “Gisèle kérosène” qui est un film d’animation en pixellisation.

Et puis après il y a aussi “Vibroboy” quelque chose de particulier vu que c’est une comédie d’horreur à laquelle on ne s’attend pas.

J’ai sélectionné aussi “Le dernier chaperon rouge” dans un tout autre genre vu que c’est une comédie musicale.

Et aussi un des sketchs qui a été retiré du montage du film “Les Infidèles” mais qui est disponible dans la version Netflix, Blu-ray ou dvd. Cela s’appelle “Ultimate fucking”. Cette scène a réintégré le film sur Netflix mais personne ne l’a vu en salle jusqu’à aujourd’hui. Je l’ai choisi car ce film me fait bien rigoler et on m’a demandé de revenir à une période plus provocante et je trouve qu’il est assez cohérent.

Comment choisissez-vous vos projets ? 

C’est assez intuitif. On reçoit des scénarios et le premier qui me plaît, je le fait. J’ai beaucoup de mal à développer des projets même si j’en fais toujours mais c’est toujours compliqué. J’aime recevoir un scénario de quelqu’un car cela m’entraîne dans des univers où je n’ai pas l’habitude d’aller. Mon cas le plus flagrant c’est “Coco Chanel et Igor Stravinsky”. Je n’aurais jamais pensé faire une histoire d’amour anti-romantique dans les année. Refaire le sacre du printemps avec des icônes pareilles. Et quand on me l’a proposé, j’ai dit : “C’est super, allons-y” ! J’aime prendre des risques. En fait dès qu’il y a un projet qui contient quelque chose qui m’attire, je ne sais pas encore quoi forcément, mais le film va me permettre de comprendre ce que j’explore à la réalisation de ce projet.

“Doberman” est l’une de vos créations avec Vincent Cassel et Monica Bellucci pour laquelle on a longtemps parlé d’une suite possible. Est-elle toujours d’actualité ? 

Non. Quand vous avez fait quelque chose et que vous le trouver réussi pourquoi en faire une suite ? J’utilise mon savoir faire que j’ai appris en faisant de la publicités et les courts-métrages. Je l’utilise même dans mon dernier film “Mon cousin”. Il y a une scène d’action où j’utilise ce savoir faire et cet esprit plus gentiment que dans “Dobermann”.

Je pense que les films correspondent à une période de votre vie et je n’aime pas l’idée de faire des second volets. Pour le moment il n’y a aucun de mes films où je me dit que je ferai une suite. Pour “Dobermann” j’y ai pensé… Non en fait, c’est Vincent Cassel et le producteur Eric Névé qui voulaient vraiment faire une suite, mais c’était trop tôt pour moi.

Je n’avais pas envie de revenir dans cette énergie et cette violence. Je voulais aller ailleurs donc j’ai répondu négativement à la proposition. A l’époque Vincent Cassel m’avait dit : “Attention un jour je n’aurai plus envie d’être debout sur la route avec un pistolet, ça ne m’intéressera plus”. Quand j’ai eu envie de refaire “Dobermann” il m’a répondu qu’il n’avait plus envie maintenant. Et c’est très bien comme ça que “Dobermann” reste unique.

Parlons un peu de “Mon cousin” où la musique a une place particulière. 

Ah oui, vous trouvez ?

J’ai l’impression en tout cas. 

C’est vrai que la musique sur ce film a un rôle très particulier et elle change. Il y a plusieurs compositeurs qui ont travaillé sur des parties différentes du film. Et le film a été traqué avec d’autres musiques aussi. Vous savez au montage on met on met des musiques et on se dit “C’est cette émotion que je voudrais que la musique provoque”. Et ça a été tout un travail. Je fais toujours la musique à la fin même si parfois on trouve une musique en court de montage mais en général ce sont des musiques qui sont connues. La musique a toujours été importante et si on fait la musique à la fin on voit que la scène a une émotion qui n’est pas assez bien porté donc on va l’aider. Parfois ça va être l’inverse et la musique ne sera pas nécessaire. De la même manière pour l’action où la musque peut aider ou desservir.

Là le metteur en scène devient le compositeur, le chef d’orchestre. Vous le voyez stressé et vous, vous êtes assis à regarder la beauté du travail des musiciens qui sont entrain de jouer pour votre film.

La musique c’est quelque chose d’inconscient qui rentre dans vos esprits et qui va vous donner une direction ou une façon de regarder l’image que vous voyez. C’est merveilleux la musique au cinéma. et ce qui l’est encore plus c’est quand vous faites un film et que votre image devient toutes petites sur un écran et que vous avez 150 musiciens qui jouent. Vous entendez juste la musique qui devient un murmure dans la scène. Là le metteur en scène devient le compositeur, le chef d’orchestre. Vous le voyez stressé et vous, vous êtes assis à regarder la beauté du travail des musiciens qui sont entrain de jouer pour votre film. Je vais toujours aux enregistrements pour voir les autres travailler pour cette oeuvre collective qu’est un film.

Est-ce que le message que vous avez voulu passer avec “Mon cousin” c’est de prendre conscience de l’importance de l’humanité et de prendre soin des personnes autour de soi avant qu’il ne soit trop tard ?

Ah oui, vous voyez on vit une période un peu trouble tous en ce moment c’est clair. Et c’est vrai que c’est un film pré-covid. Mais ce que j’ai aimé dans ce projet c’est que c’est un feel good, quelque chose qui vous ramène aussi à des choses essentielles qui sont si proche. Mais vraiment proche, la famille. Dans mes films j’ai des problématiques beaucoup plus mystiques, ésotériques, provocatrices ou pamphlétaires. Ou alors je vais explorer d’autres pays et d’autres cultures. Et là c’était vraiment la proposition de revenir à une chose super simple qui nous touche tous.

On a tous dans la famille quelqu’un qui est un peu bizarre. Et puis on peut tous se fâcher pour des bêtises alors que quand on était enfant on jouait ensemble comme frère et soeur. C’est ce rapport quant on était enfant et ce qu’on est qui m’a séduit. Il y a une dimension de l’éloge de la folie, un peu dans le film au sens ou, sans vous spoiler le film : au début, celui qui est le plus fou n’est pas celui que l’on croit.

Une forme de l’acceptation de la différence ? 

oui c’est accepter l’autre, c’est voir la qualité dans la différence. C’est aussi s’apercevoir que le monde ne marche pas comme il veut qu’on marche et que les idées ne sont pas que nos idées. Elles doivent être souples et rebondir sur les visions, les sensations, les idées, la façon de s’exprimer des autres, leur monde et leur fragilité. On doit s’ouvrir et apprendre des gens même ceux qui sont bizarre autour de nous mais qui peuvent nous apporter des choses.

Et cette idée aussi de faire un film à l’ancienne mais dans le bon sens même si c’est un film contemporain dans sa façon d’être fait. Mais pour moi l’essence de ce film est le plaisir que j’ai eu à le faire car il me faisait penser aux films “Le magnifique” ou “L’emmerdeur” ou encore “Un éléphant ça trompe énormément” que j’ai découvert non pas au cinéma mais à la télévision le dimanche soir.

Quand j’ai vu ce projet je me suis dit que c’était le moment de ce faire un peu de bien et d’en faire. Justement dans mon enfance et pendant le confinement on avait envie de voir des films good movie donc je me suis dit qu’on avait envie de partager un tel film avec ces enfants, en famille. C’était le pari. Ce n’était pas de me faire violence mais d’accepter le rythme d’aller dans un espace que j’aimais mais où je ne me sentais pas légitime. Rien n’est plus grand que le monde de sa proximité et nos proches.

C’est les retours que vous en avez ? 

Oui, on a présenté le film un  petit peu partout en France et j’entend plein de gens dire : “Le film nous fait du bien. Ça nous fait rire mais pas que”. Je suis heureux d’avoir fait ce film. J’aurais voulu qu’il sorte à un autre moment où on est pas tous masqué. Mais c’est comme ça. En tout cas c’est une volonté de rapprocher les gens, humainement parlant, de toucher des choses simple et on a tous de ces miroirs. Dans mes autres films ce n’est pas forcément le cas. On a pas tous un braqueur dans la famille, un berger qui en Amazonie ou un publicitaire fou. Mais on a tous un frère, un ami, un cousin qui est un peu particulier. Quand j’ai reçu le projet je me suis dit :”Cela va peut-être permettre de le regarder autrement même s’il est particulier et de s’en rapprocher”.

Quelle a été la scène la plus compliquée à tourner  ? 

L’avion !

C’est catégorique. 

Oui, l’avion c’était très compliqué. En plus c’était au début du film parce que ça calme tout le monde quand on fait une scène très technique au début où les mecs sont enfermés dans un avion. Et puis les acteurs sont souvent stressés au début d’un tournage donc autant commencer par une scène de stress pour que se soit plus facile pour eux. Il y a une scène où Vincent Landon crie : “Il n’y a pas de piste”! Et puis la caméra traverse tout l’avion sort pas le cockpit fait le tour. On les voit de dessus et puis on voit la piste d’atterrissage. Ce sont des plans très compliqués parce qu’on construit l’avion en fonction de ce plan par exemple.

On est obligé de calculer le bras de la grue pour dire que les sièges doivent être à telle distance. Il y a une machine qui s’appelle un “gimbel” fabriqué avec des vérins hydraulique et un axe particulier. Il faut vérifier que la caméra puisse passer à travers les endroits du décor qui compose l’avion. C’est une scène difficile à concevoir, à préparer et à tourner. Côté visuel ce n’est pas évident non plus avec des plans de drone qui doivent correspondre au mouvement. Les acteurs eux ont la même vision mais pour d’autres raisons comme : “il faisait chaud, on était attaché”. Ils sont devenus un peu fou vu que ça a pris 4 jours en studio pour faire cette partie.

A un moment vous apparaissez dans le film avec Albert Dupontel et Gaspar Noé c’est un clin d’oeil au film d’Albert dupontel ? 

Oui c’est un clin d’oeil. Albert nous avait demandé avec Gaspard de venir faire deux fous dans son asile de “9 mois ferme”. Comme j’avais une scène d’asile il me dit : “Pourquoi on ne serait pas tous les trois de nouveau réunis” ? J’ai trouvé l’idée sympa et Gaspard a été obligé d’accepter (rires). Un moment un peu étranger au film, mais c’était très rigolo à faire.

Merci beaucoup pour vos réponses.

Merci à vous.

Le film “Mon cousin” est sortie en salle mercredi  30 septembre. Voici la bande annonce pour vous donner une idée.

Voici les horaires des cinémas Gaumont de l’agglomération toulousaine pour aujourd’hui :

pour consulter un autre jour de la semaine cliquez ici.

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2 réflexions sur “Interview de Jan Kounen le touche à tout de la réalisation : de “Dobermann” à “Mon cousin” au Festival Fifigrot

  • VERONIQUE GUIDI

    bonsoir,
    je recherche le titre de la musique choisie pour la scène de fin jouée sur la plage.
    pourriez-vous me le communiquer ?
    un grand merci d’avance
    bonne soirée

    Répondre
    • Bonsoir,

      C’est une très bonne question, à laquelle je n’ai malheureusement aucune réponse à vous donner pour le moment mais je vais me renseigner et je vous tiendrais au courant.

      Répondre

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