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Entrevue avec Claude Gaillard auteur de “C’est presque pareil” : La mise en lumière de la contrefaçon cinématographique

On a tous un film préféré ou une saga dont on raffole. Et si je vous disais qu’il existe surement la copie du chef d’œuvre que vous adorez ? Vous me répondrez que cela n’est pas possible. Et pourtant c’est vrai. Le livre “C’est presque pareil” de Claude Gaillard donne quelques exemples de ces fameuses contrefaçons filmographiques comme celui qui illustre la page de couverture.

Et comme vous vous en doutez, piquée par la curiosité et après avoir lu le livre, j’ai tenu à en apprendre plus sur ses origines et sur son auteur Claude Gaillard. Celui-ci a répondu favorablement à notre invitation.

Bonjour Claude, merci de nous accorder une interview.

Bonjour, écoutez tout le plaisir est pour moi j’ai envie de dire (rires).

Si je dis que, comme Obélix qui est tombé dans la marmite, vous êtes tombés dans la pop culture. J’ai raison ou tort ? 

Oui je pense qu’on peut dire ça. Je suis tombé dans la pop culture assez jeune, surtout dans la VHS, la vidéo qui a été en quelque sorte ma porte d’entrée. Pour tout vous dire, mon père qui était ouvrier s’était saigné en heures sup’ pour acheter un magnétoscope. Nous étions au début des années 80. Qui dit magnétoscope dit location de films. J’ai commencé à fréquenter les vidéoclubs quand j’avais 7 ou 8 ans. Et là le virus a pris, j’ai été testé positif les 40 années qui ont suivi (rires collégiaux).

Quel est le premier film qui vous a plongé dans cet univers cinématographique ? 

Alors ça a un rapport avec “C’est presque pareil” car le premier film c’était “E.T. l’extraterrestre”.

D’où le clin d’œil avec la couverture ? 

Oui, mais c’est l’affiche d’un film presque pareil qu’E.T (rires collégiaux).

Qu’est-ce qui vous a plu dans ce film ? 

Je pense que c’est cet imaginaire spielberien que Spielberg a initié avec “Rencontre du 3ème type” et qu’il a poursuivi par la suite dans les années 80. Cela parlait à ma génération. Une belle porte d’entrée dans le cinéma fantastique, mais aussi dans le cinéma tout court et dans la culture populaire.

Je vous comprends très bien (rires). Vous prenez ces films et sagas légendaires comme “Terminator”, “Star Wars”, les plus grand “James Bond” et vous sortez des tiroirs leurs contrefaçons. Comment avez-vous eu l’idée de les réunir dans un livre ? 

A la base le titre et l’idée viennent de loin. Je reviens à cette histoire des années 80. Je suis né à Montélimar petite ville du Sud de la France. A l’époque il y avait entre 20 et 30000 habitants. Et qu’un seul vidéoclub (rires collégiaux). C’était un concessionnaire Philips qui vendait des machines à laver, des télévisions et qui faisait en même temps vidéoclub. Il y avait une particularité de l’époque qui surprend maintenant les jeunes qui ont accès à tout sur internet : il n’y avait qu’un seul exemplaire de chaque film !

C’est vrai ! Il fallait attendre le retour et s’inscrire sur la liste d’attente !

C’est ça. Donc un exemplaire “Les dents de la mer”, un de “La guerre des étoiles” ou de “Indiana Jones”. Il fallait attendre effectivement parfois 3 ou 4 semaine pour avoir le droit de louer le film. J’ai un souvenir assez précis du gérant du vidéoclub qui était assez commerçant. Je lui dis : “Je voudrais “Les dents de la mer” s’il vous plait”. Et il me répond : “Il va falloir vous inscrire sur la liste. Il y a 4 semaines d’attente. Mais en attendant, prenez “La mort au large”. C’est presque pareil (rires collégiaux)“. Résultat des courses on se retrouvait avec “La mort au large”. Quand j’étais gosse, assez bizarrement, j’ai vu “La mort au large” avant “Les dents de la mer”. Bien que je sais que “Les dents de la mer” a été fait avant, émotionnellement parlant, pour moi le premier c’est “La mort au large” (rires collégiaux).

Souvent les jeunes gens de ma génération ont développé une sorte de contre histoire du cinéma, de cinéphilie alternative. Pour ma part, j’ai toujours aimé ces copies par curiosité, pour me moquer aussi (rires). Evidemment ce qui fonctionne quand on a 10 ou 12 ans, fonctionne un peu moins bien quand on a 40 ans.

Oui surtout les effets spéciaux. Cela me fait penser au tout premier “La guerre des mondes” qui m’a beaucoup plus et que maintenant je vois les fils qui tiennent les soucoupes et ça n’a plus le même attrait (rires).

Oui, cela a pris un coup de vieux comme nous (rires collégiaux). Alors qu’on en a des souvenirs épiques, qu’on a frissonnait devant.

Ah mais oui carrément !

Et aujourd’hui on se dit qu’on était vraiment bon public. Cela dit, je le suis resté (rires). Et pour répondre à la question d’où ça m’est venu, c’est que je suis dans l’industrie du livre, depuis quelques années maintenant. C’est mon 8ème livre “C’est presque pareil”. J’ai fait de nombreuses recherches pour mes autres livres sur le cinéma. Et le souci c’est qu’on n’utilise pas toutes la documentation beaucoup trop denses et pas en rapport avec le travail qu’on est entrain de faire. J’ai tendance à tout récupérer en me disant que je ne m’en sers pas encore mais que cela peut un jour être le cas.

Puis quand mon éditeur Florent Gorges  m’a demandé si j’avais un livre à lui proposer pour 2021 je lui ai demandé de me laisser l’après-midi pour lui répondre. J’ai regardé et j’avais une bonne grosse pile de documents sur les copies de films et j’ai eu envie de revenir à l’histoire du gérant du vidéoclub qui me disait : “C’est presque pareil”. Et le livre a été signé tout de suite.

C’est énorme !

Oui c’est la première  fois que je vends un livre aussi vite (rires). En général pour les gros éditeurs il y a tout un processus et ça prend longtemps. Chez un petit éditeur cela peut se signer sur la table au restaurant ou même sur Messenger, c’est rapide.

En effet. Il y avait beaucoup de frère de… dans les films de contrefaçon comme Franck Stallone le frère de Sylvester ?

Oui, on se faisait avoir souvent mais on y revenait quand même (rires). Pour le cas de Stallone c’était assez drôle on avait sur la jaquette Stallone en grand et en tout petit Franck pour Franck Stallone.

Votre livre apporte une touche de fraicheur même s’il dépoussière les films. Il permet un retour en arrière. On se voit dans son vidéoclub en train d’hésiter sur le film car le nôtre n’est pas là. Mais cela permet aux jeunes d’aujourd’hui d’entré dans cette époque ?

Totalement, et ça permet une autre chose qui est importante c’est de présenter des films qui aujourd’hui ne sont pas disponible en DVD et en Blu-ray et ne sont pas sur les plateformes de streaming. On a un énorme problème dans le cinéma c’est qu’à chaque fois qu’on change de support on a une grosse perte de films. C’est à dire que tous les films qui sont sortis au cinéma ne sont pas sortis en VHS. Ceux de VHS ne sont pas en DVD qui eux ne sont pas streaming. Il y a des films qui se perdent et c’est dommage. Cela dit dans “C’est presque pareil” est-ce que ça ne parle pas plus de la manière dont on vendait les films ?

La force de proposition du gérant ?

Oui et ça ramène au cinéma qui est un art, mais aussi du commerce, des arnaques. Je suis très cinéphile, je regarde un film par jour au moins. Sur le mois j’ai dû en aimé 3 ou 4 alors que j’en ai vu plus de 20 qui ne m’ont pas satisfait. Mais quand même je continu (rires). Et puis cela dit avec l’âge je ne cache pas que j’en oublie (rires collégiaux). Je regarde un film et je me pose la question de savoir si je l’ai vu ou pas.

Vous vous êtes amusés en faisant cet ouvrage ?

Je me suis bien amusé. En plus j’avais tous les documents pour le réaliser. Si j’avais dû chercher et qu’on m’avait donné ça comme un livre de commande, vu le nombre de documentation à fournir j’aurais peut-être trouvé ça difficile. Mais ayant fait la préparation au fil de l’eau pour mon amusement ça a été facile. Mais c’est hyper frustrant parce que j’aurais voulu en mettre plus.

Vous avez la matière pour un second tome ?

Oui, pourquoi pas si le premier fonctionne bien. C’était amusant d’être à la recherche du pire comme le pire jeu de mot, de la pire préface. On a poussé jusqu’au bout (rires).

C’est vrai que le “Star Wars” version brésilienne, il fallait le trouver.

Oui, mais il est difficilement regardable. C’est vrai que quand on le voit on se dit : “Mon dieu” ! En plus la bande de comique a récidivé avec “La planète des singes”.

Mais quel est pour vous la plus incroyable de ces contrefaçons de films connus ?

La plus incroyable c’est le “E.T” espagnol, mais ce n’est pas celui de l’affiche de la page de couverture. Le “E.T” espagnol touche une autre catégorie les parodies de porno dont j’ai écrit un livre dessus.

Le livre c’est “Les pires parodies X sont souvent les meilleures” ? 

C’est ça. Je l’ai écrit sous un pseudonyme car je ne voulais pas qu’on m’enferme dans ce genre. C’est d’ailleurs très drôle car c’est le seul bouquin pour lequel j’ai été invité et je me suis rendu à une émission de télévision, pas de bol (rires).

Pour revenir à l’E.T espagnol, pourquoi pour vous c’est le plus insolite ?

En le voyant on se dit que ce n’est pas possible avec ce type dans cette espèce de pyjama moulant. Je veux bien qu’il y ai la magie du cinéma mais il y en a vraiment qui doute de rien (rires collégiaux).

Est-ce qu’il y a un message dans “C’est presque pareil” ? 

Le message c’est un peu ce que je disais tout à l’heure que le cinéma est un art mais pas que. C’est aussi quelque chose qui est de l’ordre d’une attraction foraine. Il y a quelque chose de magique. On c’est que c’est faux comme quand on va voir “la femme araignée” dans un cirque. Mais on y va. Le rapport qu’on a avec un film c’est une histoire de désir. Quand on va au cinéma c’est la rencontre de deux désirs : celui de voir des spectateurs et celui de montrer de ceux qui font les films. Et au milieu ces visuels, ces affiches, ces jaquettes c’est un peu l’ordre du premier regard échangé. Comme parfois dans une relation amoureuse les promesses du premier regard ne seront pas tenus (rires collégiaux). On projette plus que ce que l’on voudrait. Un coup de pinceau coûte moins cher qu’un mètre de pellicule.

Les apparences sont trompeuses (rires). 

Oui, mais c’est bien d’accepter ces risques là car si on refuse toute relation amoureuse on ne vit pas. J’accepte de donc de vivre de prendre ce risque et d’aller faire ces films en acceptant de construire sa cinéphilie quel qu’en soit le prix. Je ne vais pas voir que des bons films mais tous films méritent sans doute d’être vus.

Que diriez-vous à nos lecteurs pour leur donner envie de lire “C’est presque pareil” ? 

D’abord qu’il y a une magnifique préface de James Cameroun (rires collégiaux). C’est un argument imparable (rires). C’est un livre pour s’amuser, pour rire. Il y a beaucoup de livres sur le cinéma très sérieux et hyper analytique que je lis d’ailleurs avec beaucoup d’intérêt. Mais il y a des moments il faut décontracter le cerveau. “C’est presque pareil” c’est une échappatoire, une forme d’évasion. Passer deux heures à découvrir des choses dont tu ne soupçonnais pas l’existence comme “John Travolto”. On se dit impossible, et si pourtant si ça existe ! En plus il permet de briller en société lors d’un diner en racontant que “John Travolto” et le “John Travolta” italien (rires). Cela peut égayer le repas (rires collégiaux). C’est un livre pour le fun et une petite déclaration d’amour à cette époque des vidéos-clubs et ces vils copieurs de film (rires).

Je vous remercie Claude pour ce très bon moment en votre compagnie. 

C’est moi qui vous remercie. C’était très sympa.

Si vous souhaitez vous procurez le livre “C’est presque pareil” de Claude Gaillard, il est disponible sur les plateformes internet telles qu’Amazon, la Fnac… Et bien entendu sur le site de l’éditeur Omaké Books.

Mon petit doigt me dit que ça ferait un beau cadeau dans la hotte du père noël. Qui sait si un ouvrage ne serait pas à gagner dans les prochains jours. Mais ça c’est une autre histoire…

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