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Le réalisateur Franck Villette nous fait découvrir son film coup de poing “Paroles, Paroles” à la présentation du programme du 15ème festival Des Images Aux Mots à Toulouse.

Habitué du festival DIAM dont il a été membre du jury en 2018, le réalisateur Franck Villette est ravi d’avoir été de nouveau convié à l’évènement pour présenter son court métrage « Paroles, Paroles ». Ce film ne peut laisser de marbre. Hier soir, Franck Villette, en présence de l’équipe du festival, a répondu aux nombreuses questions de l’assistance. Le festival Des Images Aux Mots se tiendra du 28 janvier au 06 février à Toulouse et du 07 au 28 février en région Occitanie.

Synopsis

Des hommes et des femmes entendent des mots. Encore des mots, toujours des mots, les mêmes mots. Des mots et des insultes homophobes, lesbophobes, transphobes. Certains d’entre eux vont subir ces insultes : mépris, harcèlement, menace, agression, torture, mort. Qui agresse ? Qui est victime ? C’est comme une gifle, un coup de poing… Ou pire. Des mots meurtriers, tueurs, assassins.

Bonjour Franck, quel plaisir de vous retrouver de nouveau au festival de films LGBTQI+ de Toulouse.

Oui, je suis ravi de l’invitation. C’est un plaisir de revoir la formidable équipe du festival DIAM, mais aussi de présenter une nouvelle fois un court-métrage ici.

Votre film est un véritable uppercut qui montre non seulement la violence des mots mais aussi ceux des actes.

En effet, j’ai voulu établir un parallèle entre la violence des mots et la violence des actes. Rappeler et faire prendre conscience à certains, surtout par les temps qui courent, que chaque parole, chaque mot possède un sens et, peut être aussi violent et dangereux qu’un acte. Des mots qui peuvent heurter, blesser, voire tuer.

Une mise en scène originale car théâtrale, tournée dans un théâtre.

J’ai choisi pour le décor un lieu unique et “neutre”, une scène de théâtre. Le parti pris étant de se focaliser sur les actions et les mots tout en conceptualisant le lieu et la mise en scène comme une représentation de la violence des mots. Idéal pour mettre en valeur l’universalité des situations et des personnages agressés.

Vous avez une sacrée distribution qui interprète avec force et douleur la moindre scène. Comment leur avez-vous présenté un tel projet ?

J’ai eu la chance d’avoir d’excellents acteurs qui ont pris très à cœur et très sérieusement le sujet. En fait, je leur ai envoyé le scénario. La plupart d’eux m’ont dit qu’ils étaient bouleversés, touchés quelle que soit leur sexualité d’ailleurs, je tiens à le souligner, cela ne rentrait pas en ligne de compte. Je connaissais la plupart et j’avais très envie de travailler avec eux. On a beaucoup échangé et discuté, il y a de nombreuses scènes très dures à jouer.

Le spectateur imagine plus qu’il ne voit, surtout dans les scènes les plus difficiles.

Oui. On ne voit pas, par exemple des actes tels qu’un tranchage de gorge qui davantage suggéré ou encore un coup de feu. L’effet du montage et du bruitage apporte cette force, qui devient un plus à la mise en scène.

On parle de la force du bruitage, mais il y a aussi celle de la musique.

Depuis le début, je travaille avec mon frère qui est musicien. Il a plusieurs formations à son actif, il est batteur mais fait aussi de l’électro. Avec son groupe « Meta Meat » où ils sont deux, il fait donc de l’électro, du flamenco et du tribal. La vérité, c’est qu’en écoutant certains morceaux je me suis dit que ça correspondait au film. Quand j’écris, j’ai déjà des sons qui me viennent, des directions. En réécoutant cette formation et celle de « Somekilos » ça collait parfaitement à ce que je voulais montrer par l’image. Même les titres des morceaux trouvent vraiment une signification par rapport aux images.

Vu son traitement, « Paroles, Paroles » pourrait être affilié à un documentaire ?

C’est un film un peu particulier. Il est hybride et conceptuel, tant dans sa forme narrative que dans sa réalisation, un peu éloignée et différente des productions habituelles et conventionnelles, avec un mélange de genres narratifs. C’est un film de fiction qui emprunte un peu les chemins du documentaire, du témoignage et de l’expérimental aussi. Dans tous les cas, cela pourrait le faire penser. Mais il s’agit bien d’un film de fiction et qui s’assume comme tel. Un film brut, violent, choquant peut-être parfois dans ses propos et dans ses images. Mais tout a été pensé, réfléchi et est assumé.

Il y a les victimes, mais aussi les agresseurs dont l’acteur de la scène de cette gorge tranchée.

Oui, il a été incroyable. En plus, il a un visage émincé qui, je trouve, se prête vraiment à ce rôle. Après, j’ai cherché à montrer la violence gratuite, comme dans la scène avec le travesti. Celle aussi qui est alimentée par le fait qu’ils n’assument pas des choses de leur côté. Notamment celui qui est l’auteur de la gorge tranchée, qui a fait cette rencontre auparavant et qui la refuse. Tout autant que dans la scène de l’exécuté.

Avec une dimension qui n’est pas graphique mais imaginative.

Oui, je ne voulais pas ce genre de choses. À part dans la scène finale qui s’appelle « le Charnier », en hommage au tableau éponyme de Pablo Picasso dont je me suis inspiré avec ces morts en sursis, en devenir.

Un film choc, mais avec une envie pédagogique, d’avertissement.

Le film est pour tous publics avec avertissement, justement. Le CNC précise : « Le climat général du film et certaines scènes violentes sont susceptibles de heurter un public sensible. Le film n’est pas interdit au moins de 12 ans car il a une portée pédagogique et informative malgré une certaine violence ».

Vous avez obtenu dernièrement un prix en festival.

Oui, celui du meilleur réalisateur au festival Rainbow Umbrella de Londres. Le film en est à sa 6ème sélection dont celle en mars 2022 en Australie. Il a été présenté en Chine au consulat français. Je suis vraiment très content.

Merci beaucoup d’avoir répondu à nos questions.

Merci à vous.

Le Festival Des Images Aux Mots

Le Festival DIAM comme chaque année dispose d’une très belle sélection et compétition de courts et de longs métrages. Chaque fois, l’équipe met un point d’honneur à mettre en avant les films LGBTQI+. Vous pouvez découvrir toute la programmation de la 15ème édition sur le site officiel du festival Des Images Aux Mots.

En 2022, le festival met en place un Pass pour 4 films au prix de 22 euros. Ils sont en vente aux cinémas de l’ABC et de l’American Cosmograph.

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