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Entrevue avec l’actrice Agathe Bonitzer du film “Deux femmes”, primé plusieurs fois au festival TV de Luchon et diffusé ce soir sur France 2

La compétition fiction francophone du Festival TV de Luchon n’a pas démérité vu la qualité des œuvres sélectionnées. « Deux femmes » en faisait partie. Elle a obtenu 3 récompenses : le prix du Duo, de la Réalisation et de la Meilleure Fiction. Nous avons pu échanger avec l’actrice Agathe Bonitzer.

Bonjour Agathe, pouvez-vous nous parler d’Anne-Marie Leroux dans « Deux Femmes » ?

Je joue Anne-Marie Leroux, la juge d’instruction désignée sur l’affaire de Colette Chevreau, interprétée par Odile, accusée d’un meurtre. C’est une jeune juge d’instruction et l’une des seules femmes en 1965. En plus, Anne-Marie Leroux est la première femme qui est chargée d’un homicide.

Elle a tout un parcours dans « Deux femmes ».

Oui. Elle va avoir une sorte de trajet d’affirmation et de prise de conscience de son rôle, de son importance dans cette affaire de meurtre. Anne-Marie est un petit peu timorée et impressionnée par les mâles dominants, notamment le personnage du commissaire forain. Elle va s’affirmer peu à peu, tout simplement parce que la vérité est plus importante que le reste.

« Deux femmes » est une enquête sur un meurtre mais pas seulement, non ?

En effet, c’est aussi une histoire sur la condition des femmes dans les années 60, comme le droit d’ouvrir un compte en banque sans l’autorisation de son époux ou l’autorisation d’avorter. Des droits qui seront acquis quelques temps plus tard. C’est vraiment une période un peu charnière.

Votre personnage n’est pas dans ces considérations, elle prône juste la justice.

Je pense que mon personnage défend cette femme non par rapport à son sexe, mais parce qu’elle se rend compte qu’il y a des incohérences et des injustices manifestes dans le dossier de Colette Chevreau. Des injustices et incohérences faites par des hommes. Elle aurait agi de la même façon s’il s’agissait d’un homme. Anne-Marie avait à cœur d’être juste pour sa toute première affaire d’homicide.

Qu’avez-vous ressenti en présentant avec l’équipe le film « Deux femmes » sur grand écran au festival TV de Luchon ?

Je suis très contente, c’est la première fois que je viens à Luchon et dans ce festival. Il y a un très bel accueil. Je suis toujours ravie de présenter des films devant un public chaleureux. Tout le monde a l’air content, donc ça me fait plaisir.

Est-ce que vous avez dit « oui » tout de suite pour jouer Anne-Marie Leroux ?

En fait Isabelle Doval et les producteurs m’ont proposé le rôle alors que je n’avais même pas encore lu le scénario. J’ai été très flattée qu’ils aient pensé directement à moi pour incarner Anne-Marie Leroux. Finalement, le scénario m’a plu tout de suite.  Cela me plaisait beaucoup d’être plongée dans les années 60. C’est toujours un peu amusant pour les acteurs d’enfiler des costumes d’époque et d’évoluer dans des décors du passé. J’ai donc accepté spontanément leur proposition.

Comment s’est passé le tournage avec Odile Vuillemin ?

Avec Odile, nous avons très peu tourné ensemble puisque chacune à son trajet propre. Je crois que nous n’avions que 2 jours de tournage en commun avec Odile. On ne se connaissait pas, mais on s’est bien entendue. J’ai un très bon souvenir de ces longues scènes qu’on a tourné dans le bureau de la juge Leroux. Il y avait plein de choses qui étaient intéressantes à jouer, dans les regards, dans l’attitude et pas seulement dans le texte. Ce sont deux femmes très différentes, avec un parcours différent, qui se rencontrent et qui s’appréhendent.

Est-ce qu’il y avait des scènes compliquées ?

À des moments. Parfois, c’est un peu compliqué, et puis d’autres fois, on voit où ça a été le plus naturel. Dans l’ensemble, tout roulait assez bien. J’ai eu beaucoup de plaisir à incarner ce personnage ! Evidemment, il y a des choses plus difficiles à retranscrire. Le moment où Anne-Marie explose quand elle rentre chez elle. Exploser, c’était un peu difficile car je n’ai pas un jeu très expansif. Mais je voulais aussi que l’on ressente ce moment où elle lâche un peu, alors que c’est un personnage qui se tient, et retient. Cette retenue dans l’explosion, si je puis dire ! Donc voilà, c’était juste un petit truc à gérer. C’était vraiment un tournage très agréable.

À un moment, on sent que tout bascule quand Anne-Marie va voir son père mais qu’il dort sur le canapé… Un moment clef ?

Elle arrive chez elle et elle veut parler à son père. Mais il dort et là, elle se demande si elle doit le déranger. Puis elle se dit : « Je vais me débrouiller. Je vais y arriver toute seule. Je sais ce que je veux faire et je vais y arriver ». Elle est face à un dilemme vraiment cornélien, mais elle va se débrouiller.

Elle va taper du poing sur la table !

Anne-Marie va affirmer sa propre conscience, une conscience presque politique. En plus, son père dort et à la télévision passe justement le reportage de l’accès des femmes à la possibilité d’ouvrir un compte bancaire propre, sans son mari. Ce qui nous paraît vraiment fou car c’était il n’y a pas si longtemps ! Avant 1965, il fallait demander à son mari la possibilité d’ouvrir un compte bancaire. On montre la période de révolution pour les femmes, qui est toujours d’actualité !

Pensez-vous revenir dans le théâtre ?

Volontiers ! Cela fait longtemps que je n’ai pas fait de théâtre. C’est très différent mais c’est aussi beaucoup de plaisir, beaucoup de tracs aussi. Il faut qu’on me propose un rôle, c’est tout.

Si on vous proposait le rôle de vos rêves, lequel serait-ce ?

Je ne sais jamais trop quoi répondre dans ces cas-là. En tout cas, ce qui est sûr, c’est que je n’ai jamais tourné de film qui se passe au 19ème siècle. Je suis une grande littéraire et j’aime énormément les grands romans de la fin du 19ème donc j’adorerais incarner un personnage dans une création originale, ou adaptée d’un roman de Flaubert, de Zola ou de Balzac. Tous ces grands romanciers que j’ai lu et relu. Cela me plairait beaucoup. Un rêve très cliché d’actrice et de petite fille, mais j’avoue, ça me plairait bien.

Avez-vous des projets ?

Oui, j’ai un film qui sort au cinéma le 23 février et qui s’appelle « Selon la police » de Frédéric Videau. J’ai plusieurs autres choses qui vont sortir mais je n’ai pas encore les dates à vous communiquer. Pour commencer « Comme une actrice » premier film de Sébastien Bailly, avec Benjamin Biolay et Julie Gayet qui va sortir dans l’année. Après une mini-série pour Canal +, réalisée par Ovidie qui est très intéressante. Pour finir, j’ai aussi tourné avec une réalisatrice allemande, je ne sais pas quand sortira le film car il est en post-production. J’ai pas mal de choses qui arrivent.

Merci de nous avoir consacré cette interview !

Merci à vous.

DIFFUSION

Ce soir à 21h10 sur France 2, ne manquez pas le film « Deux femmes » avec le duo d’Agathe Bonitzer et Odile Vuillemin, réalisé par Isabelle Doval. Puis en replay sur France TV.

SYNOPSIS

En 1965, Colette, qui revendique sa liberté de mœurs, est accusée à tort de meurtre par des policiers misogynes. L’affaire est confiée à Anne-Marie, une jeune juge d’instruction timide et réservée. Pourra-t-elle résister au machisme de la hiérarchie judiciaire de l’époque ?

Librement inspiré d’un fait divers réel, ce film raconte le combat convergent et inattendu de deux femmes aux tempéraments opposés.

Interview et retranscription en duo avec Lauryne Duval notre stagiaire de 3ème.

Photos montage présentation : © YanRB

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