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Confidences de l’épatante réalisatrice Sylvie Ayme de la série “Sous le soleil” à la collection “Meurtres à” en passant par celle du “Souvenir”. 

Pour commencer cette nouvelle année, je vous propose de partir à la découverte d’une incroyable réalisatrice : Sylvie Ayme. Il y a quelques semaines, je vous présentais “Les ondes du souvenir” un très bel opus de la collection “Souvenir”. Conquise par la réalisation, les effets de style et la patte de Sylvie Ayme, j’avoue avoir dévoré quelques-unes de ses autres réalisations. Enchantée par son travail, telle une enfant ouvrant ses cadeaux à noël, j’ai voulu en savoir plus.  

© Sylvie Ayme

Sylvie Ayme a répondu positivement à ma demande d’interview. Elle se livre en toute transparence avec gentillesse et passion.

Quoi de mieux que de vous offrir ses confidences en ce début d’année 2021.  

Bonjour Sylvie, merci beaucoup de nous accorder une interview et de passer un peu de temps en notre compagnie.

Mais tout le plaisir est pour moi. J’en suis ravie.

Sylvie on peut dire que vous avez un sacré parcours en tant que réalisatrice. Revenons un peu en arrière, à l’époque de vos premiers courts-métrages, de vos documentaires et, après, avec votre arrivée sur les plateaux de la série « Sous le Soleil ». Comment en êtes-vous arrivée à travailler avec Marathon ?

Quand je suis sortie de la Femis, notre école nationale de cinéma, j’ai tout de suite écrit un court-métrage  « Le Galo bleu » diffusé sur Canal + et Arte. Pour lequel j’ai eu 3 prix du public (festival de Digne-les-Bains, du Rousset, et de Martigues).

J’ai enchaîné avec un documentaire qui me tenait à cœur parce qu’il parlait d’adoption et des femmes dans les villages S.O.S qui recueillent des enfants (titre : “L’Enfance retrouvée). J’ai fait le portrait « en creux » d’une femme à travers le regard des enfants qu’elle avait accueillis.

Mes débuts ont été difficiles et longs. Je vous avoue. Etre une femme, en plus un petit bout de femme… Pas simple ! Même avec un court-métrage primé et un documentaire très personnel, super bien accueilli par la critique, je ne trouvais pas de travail…. Je pense que je ne suis pas arrivée par hasard à la télévision plutôt qu’au cinéma. D’abord parce que le lien social est très important pour moi et j’avais envie de travailler en équipe. Et souvent. Je me sentais incapable d’attendre deux ou trois ans (voire plus !) entre chaque film ! Ensuite parce que la télévision ouvre plus largement ses portes. Quand j’ai su que Marathon tournait une série de docu-fictions sur les enfants dans le monde, j’ai utilisé tous mes contacts, toutes mes amies de la Femis, pour pouvoir en faire… au moins un. Et j’ai des amies supers… Elles m’ont donné le coup de pouce dont j’avais besoin. Et le travail a vraiment commencé. Le premier épisode a plu et j’ai enchainé. Pendant un an, j’ai parcouru le monde pour découvrir les enfants… Massaï en Tanzanie, Inca dans la Cordillère des Andes, les enfants moines en Thaïlande, les enfants orphelins de Phnom Penh au Cambodge, les enfants des favellas au Brésil etc…

Pendant un an, j’ai voyagé dans plusieurs pays du monde et je suis revenue avec des images et des histoires qui plaisaient. D’ailleurs nous avons eu un joli prix pour l’épisode sur les enfants Massaïs. Je pense qu’à Marathon, mes producteurs se sont dit « Bon elle a affronté les Massaïs » (rires collégiaux) ! « Elle a crapahuté et voyagé aux quatre coins du monde…» (rires collégiaux). « Elle a parcouru la Tanzanie. Elle est passée de moins 5 à 40 degrés… Et elle a réussi à ramener des images et des histoires du bout du monde… elle saura bien affronter nos comédiens de Sous le Soleil » (rires collégiaux).

Ils m’ont proposé deux épisodes de la série, qui était déjà un beau succès à l’époque, et je n’ai pas refusé ! J’ai adoré faire « Sous le soleil » même si à la Femis, c’était mal vu de faire de la télévision. J’avais envie de bosser. Ce fut une super expérience autant humaine que technique. Humaine parce que j’avais tout à apprendre, des comédiens, de la supervision d’une équipe de fiction dite lourde ; techniquement parce que le travail en télé se doit d’être rapide et donc demande une véritable expertise technique. Je suis arrivée, jeune réalisatrice d’à peine 30 ans, face à des comédiens qui étaient installés dans leur série depuis plusieurs saisons. Ils étaient dans leur bastion et il m’a fallu le prendre… parfois… par les armes (rires).

Malgré toutes ces difficultés, j’ai gardé de ces 7 ans de tournage, et 73 épisodes, des souvenirs heureux de nos collaborations. De Bénedicte Delmas à Grégory Fitoussi, David Brécourt, Mélanie Maudran, Marie-Christine Adam, Stéphane Slima, Jean-Claude Bouillon, Jacques Hansen… Ou encore Avy Marciano et Diane Robert que je retrouve d’ailleurs bientôt pour un nouveau film. Autant de comédiens formidables et de tournages épiques, denses, fulgurants !

J’ai beaucoup appris. Je travaillais avec les équipes de la SFP qui aujourd’hui n’existe plus mais, comme les équipes sur France 3, ce sont des techniciens de talent, très soudés, qui travaillent vraiment bien et… Vite !

C’est un sacré apprentissage, une belle façon de devenir capitaine de bateau à la réalisation.

Exactement, Vanessa ! Une sacrée épopée, devant et derrière la caméra !

Je te crois sur parole !

Comment Vanessa, tu ne regardais pas « Sous le soleil » ?!!!

Au secours, j’avoue « Sous le soleil » était une de mes séries préférées que je regardais avec ma maman. Merci maman ! Voilà c’est dit (rires) !

Ah, j’en étais sûre (rires). Merci de l’avouer !

Même que ma toute première interview, qui date de quelques années, pour un autre média était avec Frédéric Deban, alias Grégory Lacroix dans « Sous le soleil ». Je porte vraiment cette série dans mon cœur et j’ai déjà croisé la route de quelques talentueuses comédiennes dont Tonya Kinzinger, Caroline Bourg…  Voilà pour tourner la page de « Sous le soleil » (rires). Et hop, après cette série vous êtes tombée dans le bain de séries et de téléfilms très variés.

Alors j’aime beaucoup votre « hop » ! c’était plutôt un hoooooooop… tant ce fut long et difficile de quitter “Sous le soleil” pour passer à d’autres films ! Heureusement Marathon production m’a permis de faire d’autres séries, comme « 25 degré sud » dont j’ai réalisé 13 des 26 épisodes – 5 mois de tournage en Afrique du Sud -, c’était intense et fabuleux !

Ou « Dock 13 » ! C’est seulement après 3 ou 4 ans sur ses séries que productions et chaines m’ont permis de prendre les commandes de films plus « ambitieux », des films de prime time ou téléfilms.

Il y a eu « Ariane Ferry » série pour M6 où Cécile Bois avait le rôle principal. Elle jouait le rôle d’une femme flic.

On tournait en Roumanie. Je me rappelle avoir eu des guests comme Marie-José Nat. Un rêve ! Je l’avais tellement aimée dans « Les violons du bal » !

Mais aussi Natacha Amal, Victor Garrivier… C’était une très jolie série qui n’a pas rencontré son public. Mais la production Alizés films m’a ensuite confié des épisodes de la série Femmes de loi… Puis c’est un très bon souvenir pour la très belle rencontre avec Cécile Bois.

Que vous avez retrouvée plusieurs fois ?

Oui, sur le deuxième Opus des Camping Paradis, elle jouait une irrésistible “Bridget Jones” auquel seul Bruno Debrandt pouvait résister car, elle l’apprenait à ses dépens après lui avoir fait un honteux rentre-dedans, il était… Prêtre. Cécile était super drôle ! Je l’ai retrouvée, quelques années plus tard, sur « Candice Renoir ». Je sortais d’une période difficile, elle m’a soutenue et m’a permis de reprendre pied !

Bref, les choses ont été extrêmement longues à se mettre en place. Il a bien fallu attendre cinq ans avant que TF1 me permette de réaliser des épisodes de « Joséphine ange gardien ». Car, pour faire un Joséphine par exemple, il ne suffit pas de convaincre la chaîne de vous confier un des épisodes, il faut aussi convaincre le producteur et… la comédienne principale. Mimie a été très chouette et a fini par accepter ! Je crois que tous ont cédé devant mon obstination ! Ce n’est pas la persévérance qui paye dans ce métier… c’est carrément l’obstination (rires). Il faut être très obstiné. Un vrai parcours du combattant (rires).

Mais votre passion ainsi que votre détermination ont payé ?

Oui, c’est très important la passion. Mais c’est plus que de la détermination, c’est vraiment une obsession de son boulot. Pour pouvoir s’en sortir, il faut vraiment en avoir envie (rires). Seule la passion le permet. Un métier qui est l’alpha et l’oméga de votre vie !

 Justement j’ai une question : que ressentez-vous quand vous êtes derrière la caméra ?

Un vrai plaisir dans lequel se mêlent à la fois du défi, beaucoup de travail, énormément de créativité, de l’enthousiasme, une énergie de dingo. A chaque fois c’est un défi. Tout nouveau film semble être le premier, même après le 127ème ! Tout est à réinventer chaque fois ! Sur le prochain film, je vais travailler avec Francis Huster, sur une île ! En sachant que les conditions sont difficiles déjà à cause de la covid, mais aussi de la météo d’hiver… Mais c’est en même temps super excitant ! (rires)

Ah, c’est votre prochain « Meurtres à » ?

Oui, « Meurtres sur les îles du Frioul »… Le fait de travailler avec Francis Huster est un vrai défi merveilleux parce que c’est un homme magnifique avec un talent extraordinaire et que je suis juste comme une petite fille débutante face à lui. Mais il est tellement encourageant et génial qu’il m’inspire énormément. Je suis sûre que nous allons faire un très beau film avec une histoire forte autour des retrouvailles d’un père et de son fils !

C’est vrai qu’il y a des messages très forts dans vos réalisations. Notamment dans l’épisode « Celle qui pardonne » de la saison 4 de la série « Alex Hugo ». Un sujet assez troublant qui traite de ce ralliement incompréhensible à la cause djihadiste jusqu’au sacrifice de sa vie. Vous l’avez mis en lumière pour expliquer les dangers et sensibiliser les parents et les gens sur ce fléau ?

J’ai eu la chance de tomber sur cet épisode dont l’intrigue est vraiment remarquable parce qu’elle est très universelle et en même temps d’une actualité brûlante. Pour traiter le sujet, j’ai eu envie d’aller le plus loin possible dans les codes d’Alex Hugo qui sont les codes du western. Avec, par exemple, les bons et les méchants.

Il ne faut pas avoir peur de traiter les méchants comme des méchants. Les djihadistes qui arrivent à radicaliser une jeune fille qui vit au fin fond des montagnes en sont ! Ses parents n’ont pas la moindre idée de ce qui est train de se tramer (ce qui est souvent le cas !). D’un seul coup c’est un gouffre, un vide qui s’ouvre devant eux. Ils sont totalement démunis…

Alex Hugo n’arrive pas à déradicaliser la jeune fille. On sait combien c’est complexe. C’est un des rares épisodes qui se finit mal ! Il échoue ! C’est un « Alex Hugo » vraiment exemplaire pour son histoire.

Les scénaristes (Eric Eider et Ivan Piettre) ont fait un super boulot. Et ils ont été très ouverts à ma lecture et mes envies. Notre collaboration (qui avait déjà commencé sur Candice Renoir) a été formidable !

Nous avons réussi à faire passer un message face au fléau de l’islamisme intégriste. C’est ensemble (avec notre productrice) que nous avons imaginé cette scène à la fin, où la mère retrouve dans une petite chapelle le petit copain de sa fille radicalisée, lui-même musulman, et qui a essayé de la dé-radicaliser… en vain. Tous les deux dévastés de l’avoir perdue se prennent la main ! Je trouve l’image très belle, car c’est ça : on doit être ensemble, unis, soudés – musulmans, athées ou catholiques ou tout autre chrétien- pour affronter le fanatisme religieux.

Je suis bien d’accord. Je vais aborder un autre aspect plus réjouissant, celui de la nature que vous mettez vraiment en avant et cela dans la plupart de vos réalisations. 

Pour moi un film c’est deux choses : l’émotion et l’image ! L’émotion vient essentiellement des comédiens et la mise en scène doit leur offrir les situations où ils pourront la porter.

Et il y a l’image. L’image doit raconter aussi cette émotion. La nature est un personnage de l’image. Je suis de formation littéraire. Le « fatum », le destin de la mythologie grecque et latine, cette nature qui nous dépasse. Nous ne sommes pas maîtres de nos destins ! La présence de la nature dans mes films raconte ça. Combien elle est à la fois magnifique et écrasante ! Incontrôlable, insaisissable : il faut faire avec !

Ça fait partie aussi des codes du western. Et dans « Alex Hugo », les grands espaces, c’est cette immensité à laquelle est confronté l’humain.

On retrouve cette importance de la nature avec un côté thriller dans le téléfilm « Le Pont du diable ». 

 Oui. C’est exact ! « Le Pont du diable » avec David Kammenos et Elodie Frenck dans les rôles principaux et bien sûr le formidable Patrick d’Assumçao.

Quand nous avons écrit « Le Pont du diable » avec Eric Delafosse, j’ai pensé à David immédiatement dans le rôle du berger. Il y a quelque chose dans la présence de David de très animal. J’aurais du mal à préciser ce que c’est. Mais c’est dans la profondeur de son regard ! Il y a une immédiateté, une sensualité à fleur de peau, et les rôles de personnages en connexion avec la nature lui vont magnifiquement. Pour moi, David en berger, c’était une évidence. Je crois qu’il a été très heureux de faire ce rôle même s’il a dû donner énormément émotionnellement ! Il avait vraiment une partition à jouer extrêmement tragique et déchirante. C’était du lourd ! Il y est allé. Généreusement.

Ah ne m’en parlez pas, on passe par plusieurs émotions avec un beau suspense tout le long. On suit leur parcours, c’est très fluide et on se laisse porter par les péripéties.

Merci beaucoup. Le film a vraiment bien marché. Je crois que le succès doit beaucoup au duo porté par David Kammenos et Elodie Frenck qui a su sortir totalement de son personnage des « Petits Meurtres d’Agatha Christie » et nous proposer une femme flic actuelle, moderne, professionnellement au top mais sentimentalement fragile ! Marina (qu’elle interprète) est à la fois très entreprenante dans son travail et extrêmement réservée dans sa vie privée. Elle s’interdit de regarder Franck (David) avec un regard autre que celui d’un flic. L’attirance qu’elle ressent pour lui ne doit pas l’empêcher de mener son enquête, de rester objective. Elle s’en défend. Elle s’interdit de lui dévoiler quoi que ce soit, même si on sent qu’il se passe entre eux quelque chose de très fort. Et il vit de son côté des choses tellement difficiles et tragiques, qu’elle veut lui (leur) laisser le temps de se rencontrer plus tard… Ailleurs. Et c’est le sens de la dernière scène du film !

On retrouve David Kammenos, à vos côtés, dans la collection « Souvenir ». On commence avec « Les Brumes du souvenir » puis les « Murs du souvenir » et tout dernièrement « Les Ondes du souvenir ».

J’ai eu de la chance que la production me contacte pour cette collection. J’ai d’abord fait le premier épisode sans savoir que ça allait devenir une collection. Nos directrices de la fiction Anne Didier et Anne Holmes de France Télévision m’ont accordé leur confiance sur ce premier projet. Travailler avec Delphine Wautier comme productrice est un bonheur tant pour son exigence que pour l’implication qu’elle demande à ses réalisateurs. C’est une productrice qui fait du réalisateur la pierre angulaire du film.

On avait aussi collaboré ensemble sur un épisode d’« Alex Hugo ». Déjà sur cette collection, elle demande à chacun de ses réalisateurs non pas de se fondre dans un moule déjà existant mais d’y apporter sa patte. Delphine a l’ambition d’une télévision de qualité et elle sait que cette télévision passera par des réalisateurs auteurs de leur film. Elle m’a poussée à trouver ma voie dans une écriture télévisuelle plus personnelle que ce que j’avais pu faire jusqu’à présent.

Quand j’ai abordé « Les Brumes du souvenir », j’ai eu envie d’entourer mes personnages d’un univers visuel fort. Verdun permet cela. Les villages fantômes sont des lieux de l’absence. Rien n’a survécu à l’acharnement des bombes sur des milliers d’hectares. Aujourd’hui les arbres qui poussent sont tous les mêmes, ils ont tous été plantés après guerre par les allemands en dédommagement des dégâts causés. Ça crée une atmosphère de sous-bois particulière dont j’ai fait l’univers du film. Le regard sur le lieu passe par mon personnage principal, Clara, toujours emprunte de poésie et d’une grande empathie. Comme si elle entendait le murmure de la mort qui plane là.

C’est un spectacle de chaos ?

Oui, il n’y a même plus de ruines, même pas une pierre. C’était d’ailleurs toute la difficulté de ce film : comment filmer ce vide, cette absence ? J’ai souhaité apporter une touche fantomatique avec une caméra qui flotte à mi-hauteur comme des âmes qui n’ont pas réussi à s’élever davantage parce qu’elles ont été prises dans le bourbier de cette guerre sanglante. Comme la terre qui vous colle aux chaussures quand vous marchez sur ces lieux. Les terres sont blessées, éventrées par les trous des obus.

Le film a marché sans pour autant faire une super audience. Mais France Télévision a aimé qu’on puisse raconter des intrigues qui relient le patrimoine régional au patrimoine historique. C’est la géniale idée de cette collection.

Et après un second opus « Les Murs du souvenir » ?

Delphine a proposé un deuxième opus toujours avec les mêmes scénaristes : Nathalie Hugon et Gilles Cahoreau. Avec « Les Murs du souvenir », on raconte cette région meurtrie avec le « Struthof », camp de concentration sur le territoire français ; un sujet dont on entend peu parler. Peut-être une partie de notre histoire dont on préfère ne pas se souvenir.

Là encore comme à Verdun, c’était compliqué de filmer le « Struthof ». Mais l’intrigue l’aborde intelligemment via l’histoire d’un cadavre qu’on retrouve dans un conduit de cheminée, cadavre en uniforme SS « Totenkopf » : un gardien du camp de concentration. J’ai gardé de ce tournage une grande émotion.

Capture “Les Murs du souvenir”

Il y a un moment où vous suivez Gaëlle Bona (Clara Merisi) dans ce camp de concentration où elle parcourt les pièces petit à petit. Un instant très fort qui percute et hérisse les poils en imaginant les atrocités perpétuées dans ces lieux.

J’ai raconté à Gaëlle mes premiers repérages. Et nous sommes convenus qu’elle ne voie pas les lieux avant le tournage. Nous étions prêts à la technique quand elle est arrivée. Cela été un choc pour elle. Une émotion qui l’a submergée. Tout comme plusieurs membres de l’équipe bouleversés par l’horreur qui transpirait dans ces lieux.

Je trouve que ce passage est très réussi. Gaelle porte magnifiquement cet instant. Son émotion nous saisit à la gorge. Elle raconte plus que des mots l’inhumanité et l’atrocité de ces lieux.  La musique de Nicolas Jorelle est aussi très importante.

On le ressent et Gaëlle Bona vit vraiment chaque instant.

Gaëlle Bona, rencontrée sur les « Mongeville » et entraînée sur « Les Souvenirs », est une merveilleuse personne et une merveilleuse comédienne. Elle est très instinctive, très intuitive et elle a l’intelligence du cœur que je trouve très importante pour un comédien.

C’est ce que j’aime chez les comédiens, quand ils jouent d’instinct. Qu’ils ne jouent plus en fait ! Ça demande énormément de travail de ne plus jouer. C’est comme un interprète en musique, quand il fait tellement corps avec son instrument qu’il joue avec le cœur. Que son interprétation est viscérale ! J’aime que ma caméra aille au-delà des apparences des personnages et dévoile la profondeur des êtres, souvent faite d’une abyssale complexité, et d’autant de contradictions.

Effectivement. Son personnage de Clara Merisi évolue des « Brumes du souvenir » jusqu’aux « Ondes du souvenir » avec David Kammenos. L’histoire de l’idylle de Clara et François en parallèle de l’enquête qui est menée.

Oui, il y a un équilibre à trouver entre le polar proprement dit, l’histoire des lieux qu’il faut raconter et le développement feuilletonnant de l’intrigue amoureuse. J’ai beaucoup aimé l’histoire d’amour de Clara et François depuis le départ car je la trouvais hyper gonflée. Une femme qui vient d’avoir un bébé tombe amoureuse d’un homme. Un vrai coup de foudre.

Elle a peur d’elle-même car elle sent qu’elle pourrait quitter sa vie, qu’elle est en train de se construire pour le suivre ! Les trois épisodes racontent ces incessants allers-retours amoureux qui sont dus à la peur. Elle a peur d’elle-même. De ne pas être une bonne mère.

Je trouve que c’est une magnifique histoire d’amour, leur histoire à François et Clara, j’adore !

Très beau… Un coup de foudre inattendu jusqu’à, le faire rentrer ou pas dans la vie de ses enfants et d’accepter ce qui arrive.

Nous n’avons pas pu finaliser l’intrigue amoureuse car la collection s’est arrêtée. Il aurait dû y avoir un quatrième volet pour donner un happy end (ou pas) à leur histoire sentimentale. Avec le troisième opus « Les Ondes du souvenir » la fin reste ouverte. Perso, j’aime beaucoup les fins ouvertes ; c’est tellement plus vrai. Mais les spectateurs n’étaient pas contents ; j’ai reçu pas mal de doléances sur cette fin !

Alors moi j’ai maudit les scénaristes parce que je me suis dit que dans la dernière scène elle va lui dire oui ! … et non.

On aurait peut-être dû réécrire la fin quand on a su que la collection s’arrêtait. Mais je ne sais même pas si on n’avait pas déjà tourné cette scène. Mais vu le succès qu’a eu le troisième film, on espère que la chaine change d’avis et que la collection reprenne. Au moins pour un quatrième épisode ! (rires).

Cela ne va pas du tout, il va falloir mobiliser les téléspectateurs qui attendent, j’en suis certaine, le dénouement de l’histoire d’amour de Clara et François et un nouveau sujet touchant notre histoire.

Croisons les doigts.

Revenons-en au sujet du troisième opus « Les Ondes du souvenir »  avec la radio « Lorraine cœur d’acier » dont beaucoup d’entre nous ignoraient l’existence.

« Lorraine cœur d’acier » est une des premières radios libres, créée par la CGT. Marcel Trillat est venu en tant que journaliste pour l’animer parce qu’ils se sont rendu compte que faire une radio libre ce n’était pas simple. Le langage c’est le pouvoir. Donner la liberté de parole, avec les radios libres, c’était donner le pouvoir aux ouvriers, aux femmes. Belle ambition sur le papier. Mais cette parole, faut-il encore savoir la prendre. C’est pourquoi ils ont dû faire appel à des journalistes capables de faire surgir ou susciter cette parole et ensuite l’encadrer !

Elle se rapproche de l’actualité qu’on a maintenant ?

Oui je pense que le succès du film doit beaucoup à l’écho de son intrigue dans notre actualité. Entre autres les gilets jaunes. Longwy, le bassin Lorrain, est une région sinistrée encore aujourd’hui – 2 ou 3 générations plus tard, 40 ans plus tard, la région pâtit encore de la fermeture des aciéries -. On ne peut pas ne pas penser à la précarité qui s’installe dans l’ensemble de notre pays, que la covid n’arrange pas, d’ailleurs.

Vous retrouviez sur « Les Ondes du souvenir » Lionnel Astier qui était dans « Alex Hugo » ?

Ah mon Lionnel ! Je l’adore ! Comédien d’une générosité et d’une humanité incroyables. Je l’ai rencontré sur « Alex Hugo ». Je l’avais remarqué en tant que spectatrice, je trouvais le personnage d’Angelo très attachant. Nous avons travaillé ensemble sur « Celle qui pardonne », mon épisode d’Alex Hugo. Et je l’ai proposé à Delphine, ma productrice, sur Les Ondes. Il était parfait.

Je ne le connaissais pas à travers Kaamelott  et c’était très bien car j’ai pu l’emmener sur un autre terrain. J’ai même regardé Kaamelott après le dernier film que j’ai fait avec lui et j’ai beaucoup, beaucoup ri !

Après les Ondes, je l’ai retrouvé sur le film que j’ai fait cet été 2020 à Toulouse, « Meurtres à Toulouse » où il joue un flic au côté de Camille Aguillar. Ils forment un magnifique duo tous les deux. Le vieux flic grincheux face à la toute pétillante bleue pleine de ressources et d’énergie… trop d’énergie peut-être !… Conflit de générations, tensions sur les méthodes de travail, sur les valeurs de vie etc…

Lionnel a une profondeur indéniable dans son jeu. C’est un comédien dans la lignée des « Ventura » et  « Gabin », tout aussi populaire. Il est aussi généreux dans son jeu, d’un immense talent ! Il a une gueule ! Et une douceur ! Bref je l’adore et il se met totalement au service de la mise en scène. « Je suis une marionnette entre tes mains » me dit-il !

On était très complices et il l’était aussi avec Camille. On formait un vrai trio et on s’est régalés. Je suis contente de ce film « Meurtres à Toulouse » ; c’est une très jolie comédie pleine d’émotions et d’humanité. On y découvre Nougaro sous un nouvel aspect… Mais chutttt ! suspense !

Ah oui pas de spoil parce que « Meurtres à Toulouse » n’a pas encore été diffusé en France même s’il est déjà sorti en Belgique.

J’espère que les spectateurs partageront ce moment de plaisir qu’a été le tournage. Pourtant c’était pendant la période COVID et ce n’était pas tous les jours facile. Mais on a pensé à la chance qu’on avait de pouvoir travailler.

En plus de cela, il faisait chaud.

Oui, il faisait très chaud. J’ai découvert Toulouse que je ne connaissais pas bien. Vraiment c’est une super ville ! La ville rose ! J’y retournerai avec plaisir… “Avec plaisir” c’est une expression que j’ai apprise à Toulouse. Quand on vous dit : « Merci », les toulousains répondent : « Avec plaisir ». Et ça en dit long sur la gentillesse des Toulousains, non ?! J’ai trouvé ça tellement joli que j’ai ramené l’expression dans mes valises (rires collégiaux).

C’est vrai que c’est une belle formulation de la région toulousaine. Au début de notre entrevue, je disais que vous mettiez la nature en lumière mais il y a aussi les lieux. Je pense évidemment aux vitraux Majorelle dans les locaux de l’ancien siège des Aciéries de Longwy. On le disait tout à l’heure vous ne mettez pas de flashback mais ces vitraux font le lien entre le passé et le présent en montrant la dureté et les dangers d’une aciérie.

Clara est une antenne vibrante. Une sensibilité à fleur de peau. Elle prend la mesure des lieux émotionnellement. Elle comprend sans explications comme si les lieux lui parlaient.

Devant ces vitraux elle prend conscience de la gloire passée de l’industrie sidérurgique. Combien l’identité de la région s’est forgée autour de cette industrie. La blessure, à l’arrêt brutal des aciéries, a été à l’aune de l’attachement de la population à ce travail. Les ouvriers avaient des métiers difficiles et très physiques. Ils en tiraient un orgueil et une grande fierté. Je voulais vraiment que quand Clara regarde ces vitraux, elle pense à tout ça, qu’elle en soit emplie. On revit avec elle la force de ce passé en même temps que la douleur toujours brûlante de la perte d’identité de la région.

Dans la collection « Souvenir » il y a un sacré trio avec Gaëlle Bona, David Kammenos et Mhamed Arezki. Mhamed qui joue Guillaume Barot avec une belle vitalité. Il est très pétillant et apporte une touche différente. Guillaume a lui aussi une évolution en partant de Lieutenant de gendarmerie jusqu’à Capitaine de la SRPJ.

Pour ma partition du film, le personnage interprété par Mhamed, c’est vraiment la petite flûte légère qui arrive, pétillante, alors qu’un drame se noue. Comme dans « Pierre et le loup » ! Le pipeau ! Il apporte légèreté, comédie, joie de vivre. Il vient en contre point de la tension entre Clara et François.

C’est un comédien fantastique avec une très large palette de jeu : il peut faire plein de choses. Mais là, je l’ai utilisé pour ce regard d’une grande bienveillance et très léger. Il dédramatise toujours les situations. Dans ce 3ème opus, les scénaristes l’ont bien servi : il a plein de jolies choses à jouer.

Les fameuses péripéties de la préparation du mariage (rires collégiaux).

Oui ! le pôôôôvre !!! (rires).

Glissons maintenant vers « Meurtres à Toulouse » avec ces codes : Un duo, une région et surtout une légende.

Oui ! Duo, région, légende… ou pas de légende ! Ici, on contourne un peu le genre, on le réinvente. Scénaristes et producteur ont eu la bonne idée de transformer la légende en allant vers la musique… A moins que l’on considère Claude Nougaro comme une légende ! Je ne veux pas tout dévoiler mais il y a beaucoup de musique de Nougaro dans le film !

La région se limite à la ville et même en 90 minutes, on n’a pas le temps de raconter tout Toulouse mais la ville a vraiment sa place dans le film : la place du Capitole, l’église Saint Sernin, les bords de la Garonne. Ô Toulouuuuuuse, comme dirait Nougaro ! Ce coup-ci, ce n’est pas du tout un duo amoureux, mais un duo antagoniste qui va se rapprocher, apprendre à se connaître et s’apprécier. Mais les débuts sont difficiles !

Camille, avec ses origines espagnoles, et Lionnel, avec son personnage tempétueux, c’est plus qu’un duo, c’est un tango ! Ils nous font ça avec une incroyable élégance. Deux formidables comédiens qui se sont vraiment trouvés, titillés, provoqués, appréciés, engueulés et qui nous offrent des superbes figures de danse, comme un tango, avec une formidable complicité. Ça donne un résultat réussi, plein de charme.

Camille et Lionnel c’est un tango mais je ne sais pas qui mène la danse !

Un peu tout flamme avec sa joie vivre. 

Avec sa bonne humeur et la joie qu’elle porte en elle, Camille (alias le personnage de Cécile) le déstabilise, elle l’oblige à sortir de son état dépressif dans lequel il se complaît. Il la remet à sa place et elle ne se laisse pas faire. Elle y va, elle l’affronte. Camille et Lionnel c’est un tango mais je ne sais pas qui mène la danse ! Ce que j’aime beaucoup dans ce film c’est qu’on passe par toutes sortes d’émotions, du rire aux larmes, des engueulades aux réconciliations, c’est très vivant, très dans l’éclat… comme à Toulouse ! Une bulle de jazz… dirait Nougaro !

Là aussi j’avais un magnifique casting avec Yvan Le Bolloc’h, Annelise Hesme, Marc Citti. Annelise jouant la maman de Camille ; Yvan, l’oncle, qui en fait un personnage truculent ; et Marc qui fait un flic qui travaille avec Lionnel Astier (Simon) et Camille (Cécile).

Est-ce que le casting est déjà fait quand vous arrivez à la réalisation d’un « Meurtres à » ?

Autant sur « Les Souvenirs » ou sur « Le Pont du diable » j’étais là pour le casting. Là, quand je suis arrivée sur « Meurtres à Toulouse », Jean-Baptiste Neyrac, mon producteur, avait en tête Lionnel Astier et Camille Aguilar. C’est grâce à lui qu’on a ce super duo. C’est bien tombé parce qu’effectivement j’adore Lionnel ! Et j’avais vu Camille dans le film de Bénédicte Delmas « Les filles du Plessis » et je l’avais trouvée super. J’étais très contente de travailler aussi avec Camille qui va faire, j’en suis persuadée, une très belle carrière. Quant à Lionnel, j’espère le retrouver bientôt sur un autre film !

Vous signez tout de suite ?

Oh oui ! Sans hésitation, c’est mon amour (rires collégiaux). Mais cela dit là, j’ai rencontré un nouvel amour qui est Francis Huster ! Lionnel peut un peu s’inquiéter (rires).

Aïe Aïe Aïe, il va y avoir de la jalousie (rires collégiaux). Donc Francis Huster comme on en a un peu parlé pour un autre « Meurtres à ».

Oui Meurtres sur les îles du Frioul. Je retourne dans ma ville : Marseille. L’archipel du Frioul est l’ensemble des îles en face de Marseille dont le fameux château d’If. C’est vrai que c’est génial de voir avec des yeux de réalisatrice sa propre ville : je la redécouvre ! C’est une ville magique avec une lumière incroyable. Je souhaite mettre en avant la présence de la mer qui fait de Marseille une ville de Méditerranée avant tout. J’ai choisi des décors où même quand on est à l’intérieur, la mer est présente.

Tout ça pour nous donner envie d’aller sur les îles du Frioul (rires) .

Franchement aller au Frioul, c’est exotique. Ce qui est tout de suite incroyable, c’est le silence. Vous n’êtes pas loin de la ville, mais vous êtes dans un incroyable silence. Sans doute la présence de la mer !

Vous avez l’impression d’être au bout du monde… alors que vous êtes à 20 minutes en bateau du Vieux Port ! Justement, ces 20 minutes nous inquiètent beaucoup pour le tournage car il y a des jours où les bateaux ne peuvent pas partir…

Il parait que même Josée Dayan pour son « Monte Cristo » n’a pas réussi à se rendre au Château d’If à cause de la houle et du mauvais temps. Ce n’est pas simple d’y tourner. J’ai une journée de travail sur le Château d’If et j’espère que j’aurai plus de chance ! (rires)

On va croiser les doigts d’autant plus que le tournage commence fin janvier 2021. C’est bientôt ?

Je suis actuellement en préparation. Le tournage débute le 28 janvier 2021.

Il y a Francis Huster. Est-ce qu’on peut dire avec qui il formera un duo ?

En effet Francis Huster et… Le fameux Jérémy Banster ! C’est un duo père/fils. L’histoire d’un père qui revient dans la vie de son fils et ils vont devoir travailler ensemble. Ça me plaît de faire un film avec essentiellement des personnages masculins. Les comédiens aiment bien avoir un regard sur eux, féminin. Je les amène vers des choses auxquelles ils n’avaient pas forcément pensé. Et l’inverse est vrai aussi. Ça crée énormément d’émulation. Père et fils vont s’affronter et peu à peu le passé du père se dévoiler. Francis et Jérémy sont extrêmement investis sur le film. On a déjà beaucoup bossé pendant la préparation. On n’a jamais cessé d’avoir un dialogue sur leurs personnages. J’aborde avec un bel optimisme le tournage !

Cela correspond tellement à ma façon de travailler : je suis très heureuse de ces échanges. Pour moi, un film se fait en préparation. Ce travail est essentiel. Je compte aussi au casting la prometteuse Myra Bitout qui va nous apporter la touche de féminité dont va avoir besoin notre duo testostérone !

Vivement que le film soit tourné et qu’on puisse le voir. Qu’est-ce qui vous plaît dans ce métier ?

Quand le film est réussi, que le public est au rendez-vous, que les comédiens sont heureux, que la presse est bonne, que mes producteurs sont contents, que la chaine en redemande ! Quand sur mon facebook, j’ai des retours positifs des téléspectateurs, qu’ils me disent qu’ils ont passé un bon moment devant le film, pour moi, c’est le plus beau jour !

Ce qui me plaît, c’est ce travail sans cesse sur l’image et l’émotion. La matière brute du réalisateur, c’est l’humain. A tous les niveaux, avec les équipes, avec les comédiens. C’est un métier très complet, qui demande un investissement énorme et de se remettre sans cesse en question. Mais, mon dieu, que c’est bon !

Comme pour « Le Pont du diable », avez-vous une idée pour la réalisation d’un film ? Voudriez-vous mettre quelque chose en lumière de votre propre chef ?

Je suis sur un nouveau projet d’écriture avec François Villard. Un film inspiré d’un fait réel, un combat de femmes. A Plogoff, à la pointe du Raz, l’état a souhaité installer une centrale nucléaire en 1979. Et comme les hommes étaient à la mer, ce sont les femmes qui se sont occupé de ce combat. Elles se sont opposées à l’installation de la centrale, à la défiguration de leur région, à l’expropriation annoncée de leur terre. A travers trois générations de femmes, on raconte leur combat qui a aussi permis leur émancipation en tant que femmes !

C’est un des projets qui me tient le plus à cœur actuellement. Je l’écris avec François Villard, sous la coordination du producteur Eddy Charbit. Pour l’instant cela reste encore un projet. On cherche une chaîne.

C’est un beau projet. Cela vous tient à cœur ces causes féministes ?

Je pense qu’il ne faut pas avoir peur du mot féministe. C’est essentiel que les femmes prennent leur place dans notre société, aussi librement que les hommes !

Tu sais, je participe beaucoup à des groupes et des associations pour la parité. Dans le milieu de l’audiovisuel il y a 3 femmes pour 100 réalisateurs. C’est vraiment infime. Cela commence un peu à bouger mais on est loin d’arriver à une femme sur deux. Je sais que France Télévision fait tout pour sortir de cette injustice, qu’une forme de parité s’installe. Je suis pour les quotas. C’est important à un moment d’imposer des quotas sinon les changements ne se font pas. Si je repense à ma carrière, les difficultés rencontrées, le manque de confiance des hommes (et des femmes) producteurs ou diffuseurs, l’imposition des quotas m’aurait beaucoup aidée ! Il faut sortir de l’image du réalisateur à la « John Ford », avec son chapeau de cowboy et son gros cigare.

Je suis très attachée à l’émancipation des femmes mais elle ne se fera pas sans les hommes. Les hommes aident beaucoup plus les femmes que les femmes entre elles, parfois. L’émancipation des femmes n’est pas un problème de combat contre les hommes. Ce n’est pas du tout ça. Le féminisme ne peut pas avoir lieu sans la part active des hommes à ce combat.

Hommes et femmes doivent être main dans la main pour arriver à un résultat.

Dans le film que j’écris avec François, on sera très attentifs à raconter ça. On montrera que la tradition patriarcale est souvent véhiculée par les femmes.  C’est ça qu’il faut arriver à bien saisir pour pouvoir le dépasser. Les femmes ont leur part de responsabilité dans cette forme de patriarcat, dans l’éducation de leurs garçons et de leurs filles. Elles doivent permettre aux filles de pouvoir penser et rêver leur avenir. Et les pères les soutenir. Je pense que j’ai eu la chance, en l’occurrence, d’avoir des parents précurseurs.

Je suis entièrement d’accord avec vous. Merci beaucoup de m’avoir accordé de votre temps et pour vos belles réalisations.

Merci beaucoup Vanessa, c’était vraiment super de partager avec vous sur cet art populaire qu’est la télévision où on essaie, comme je l’ai dit, de toucher le cœur des gens, au cœur de leur maison et vraiment on s’y applique avec beaucoup d’humanité et de plaisir.

Auriez-vous un message à passer ?

Le message c’est… Par exemple quand je parle avec vous, ce que j’aime beaucoup c’est que vous avez gardé ce regard d’enfant sur nos téléfilms. Vous mettez ce plaisir au centre, et je trouve que c’est cela qui fait l’humanité. Ce message d’humanité il est très joli, fait de bienveillance, voir ce qui est beau chez l’autre et c’est super. Merci beaucoup (rires).

Je ne m’attendais pas à ce message. Très touchée merci.

Je vous en prie c’était un plaisir et on se parle au prochain film (rires collégiaux) !

Sans faute. 

Voilà toute bonne chose à une fin ou un commencement. Je vais suivre les prochains projets de Sylvie Ayme et je vous tiendrai au courant de la diffusion de « Meurtres à Toulouse » sur France 3, avec je le rappelle, le duo composé de Camille Aguilar et Lionnel Astier.

Gageons aussi que  « Meurtres sur les îles du Frioul » promet une belle réalisation et un bon moment devant nos écrans en compagnie de Francis Huster et Jérémy Banster sous la direction de Sylvie.

Malheureusement… Comme vous l’avez appris  il n’y aura pas de 4ème volet à la collection « Souvenir ». A moins que ceux qui ont aimé et ont regardé avec plaisir « Les Brumes du souvenir », « Les Murs du souvenir» et « Les Ondes du souvenir» se manifestent avec respect auprès de France 3 pour leur montrer leur attachement à cette collection et leur désir de suivre Gaëlle Bona, David Kammenos et Mhamed Arezki dans une autre enquête avec à la réalisation Sylvie Ayme pour un 4ème opus «souvenir ».

Merci à Sylvie Ayme pour ses photos personnelles

qui apportent beaucoup à cet article.

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