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Eternesia : un projet pour rassembler la mémoire de l’humanité numériquement

Porté par Dominique Pon, directeur de la clinique Pasteur de Toulouse, le projet Eternesia a pour but de rassembler la mémoire de l’humanité pour les générations futures.

C’est un projet qui pourrait faire penser à un épisode de Black Mirror. Léguer sa mémoire numérique à sa mort, pour la postérité et la mémoire de l’Humanité ; c’est le schéma ambitieux de Dominique Pon, le visionnaire à la tête de la clinique Pasteur de Toulouse. 

Son but est de donner la possibilité à chaque humain de constituer une mémoire numérique de sa vie et d’en assurer l’intégrité et la pérennité à travers les âges à venir, sans être limité dans le temps. Cette plateforme  pourrait recueillir une infinité de contenus, sous forme de textes, d’images, de sons ou de vidéos. 

Un « cloud » universel

Les données numériques seraient immortelles, pour peu qu’elles soient sauvegardées de temps à autre, et qu’on l’adapte aux changements technologiques lorsqu’ils surviennent. Et pour Eternesia, l’éternité s’arrête là où l’espèce humaine prend fin. C’est à partir de ce constat que Dominique Pon et Serge Maitrejean ont décidé de créer une base de données numérique éternelle, où chaque personne pourrait déposer une partie de soi.

A la différence de la « trace numérique » que nous laissons derrière nous chaque jour, le projet Eternesia se voit comme un réseau mémoriel. « Dans la droite ligne des réseaux sociaux ou des sites dédiés à la commémoration de disparus, une partie du contenu des mémoires sera constitué des connexions avec les autres mémoires. Ce pourront être des hommages, des parts de biographie commune, un contenu de transmission partagé ou d’autres éléments traduisant la relation. Eternesia peut ainsi être vu comme le réseau des mémoires ». 

« Eternesia est un projet pour et par l’humanité toute entière »

Mais alors, comment déterminer ce qui est suffisamment pertinent ou précieux pour être transmis aux générations futures ? Bien qu’Eternesia ne soit encore qu’au stade de projet, ses créateurs envisagent un comité de sages garantissant l’éthique du processus, sous l’égide d’une organisation internationale comme l’ONU, ou d’un consortium de pays. Loin de l’élitisme historique des manuels d’histoire, Dominique Pon considère que chaque vie humaine est une oeuvre d’art singulière. « Dans 50 ans, on se souviendra probablement plus d’Hitler et de Staline que des millions de personnes qui ont disparu dans les camps et les goulags ». Chaque vie, chaque mémoire doit donc pouvoir trouver sa place au sein du patrimoine mondial de l’humanité.

A ne pas confondre avec le transhumanisme. Eternesia est une vision humaniste qui accepte la finitude de la mort et permet un travail sur le deuil. Un projet loin des startups et des entreprises, qui se veut totalement indépendant et qui n’est pas à but lucratif. À 53 ans, l’ambitieux Dominique Pon attend la retraite pour se consacrer pleinement à son projet, qu’il compte bien inaugurer avant sa mort. 

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